Publié dans Challenge AZ, Challenge AZ 2023

Challenge AZ 2023 – M comme

M comme hymen

WoL

Telle le lapin d’Alice au Pays des merveilles, je suis en retard. Mais je ne suis pas prête à dire au revoir, je vais juste continuer d’être en retard et proposer des articles compendieux et surtout faire du recyclage.

Et s’il est un thème que j’ai souvent traité sur mon blog, que ce soit d’un point de vue des statistiques, de l’insolite, c’est bien le mariage. Voici d’ailleurs quelques-uns de mes articles sur le sujet :
ici, ou de l’influence de la nourriture épicée sur la nuptialité par temps de pluie (mariage plus vieux, mariage heureux)
ici, ou de la prédominance de la lettre A dans les statistiques matrimoniales des soirs de novembre
ici, ou du rapport inversement proportionnel entre la durée du mariage et nombre de pages dans le Gaffiot
, ou de l’art de partager le pain avec son conjoint. (panem et circenses)

En écrivant cet article, je me rends compte que je manque de détails sur l’âge de mes ancêtres au mariage. Je ne veux pas parler de la moyenne d’âge au mariage mais la proportion de mineurs et de majeurs et surtout les raisons qui peuvent pousser de jeunes gens à se marier de bonne heure (parents décédés, père malade qui cherche un gendre pour prendre la relève, famille nombreuse à nourrir…). Bon, vu qu’il est 23h00 et que je publie cet article demain, je n’aurai pas le temps de trancher la question. Cependant, pour comprendre la réalité et la difficulté de la question, il faut connaître la différence entre entre nubilité et majorité matrimoniale. La nubilité est l’âge auquel on a le droit de se marier ; la majorité matrimoniale est l’âge auquel on a le droit de se marier sans le consentement de ses parents (pour plus de détail , voir ici).
Prenons l’exemple de Louis Gaschet, sosa 96, et son épouse Madelaine Bonneau, sosa 97. Tous les deux sont majeurs au moment de leur mariage (1806) puisqu’à cette époque, la majorité civile est de 21 ans pour les hommes et les femmes et que Louis a 23 ans et Madeleine 21. Ils ont bien atteint l’âge nubile, qui est de 15 ans pour les filles et 18 ans pour les garçons. En revanche, si Madelaine est bien majeure d’un point de vue matrimonial (21 ans pour les femmes), Louis ne l’est pas (25 pour les hommes).
Autre couple, Pierre Bullot, sosa 28, vingt-sept ans à son mariage avec Marie Louise Picau (mamie peau de vache, pour ceux qui ne la connaissent pas), sosa 29, dix-huit ans (1888). Pierre est majeur (civilement et matrimonialement) et Marie Louise est mineure (civilement et matrimonialement).
Marie aurait pu illustrer mon article d’hier sur les lieux-dits (voir ici) puisqu’elle a vécu au village de la Davière, commune de Bournan, au hameau des Basses-Mougonnières, commune de Neuil, à la Bastiennerie, commune de Thilouze puis dans son bourg, et dans le bourg de Pont-de-Ruan.

Challenge AZ 2022

Publié dans #RDV Ancestral, Généalogie

RDV ancestral n°4 – les lignes de la main

Le Rendez-vous ancestral est un défi lancé par Guillaume sur son blog Le Grenier de nos ancêtres. Il s’agit de remonter le temps et traverser l’espace pour « rencontrer » un ancêtre. Les généablogueurs partagent leurs expériences spatio-temporelles sur leur blog le 3è samedi du mois. 

Temps de lecture : 8 minutes

[Nous sommes le 3è samedi du mois. Si je veux partir à la rencontre d’un de mes ancêtres, c’est maintenant, il ne faut pas que je loupe le coche. Je ne maîtrise pas encore totalement le processus de téléportation mais j’ai compris comment ça marche. Cette-foi-ci, pas de thé (ça fait mal à la tête, voir ici) et je vais profiter du jardin pour me relaxer. Après, j’irai où le vent me portera.
Je prends un transat dans le garage et je m’apprête à m’installer dans l’herbe fraîchement coupée (heureusement, je ne suis pas allergique). J’ouvre la porte-fenêtre. Le soleil m’éblouit. Je mets ma main devant les yeux. Lorsque je me suis habituée à la luminosité, je m’aperçois que je suis sur le pas d’une porte. Mon cœur bat la chamade].

« Cette-fois, ça n’a pas traîné ! Où suis-je ? » [Je trépigne d’impatience…Après avoir regardé tout autour de moi, je lève les yeux au ciel]. « Encore une église. Au moins, j’entre par la grande porte. » (voir ici pour l’histoire de la porte.)

[Tout le monde est déjà installé. Je vais discrètement m’asseoir. Enthousiaste et excitée, je me motive.] « Surtout, surtout, tu écoutes et tu arrêtes de te parler à toi-même. » [Le prêtre a déjà commencé.]

« Le 24e juin 1721 ont été epousez selon les
formes prescrittes par leglise apres les trois
publications des bans dans cette paroisse et dans
celle de Ciran aux prosnes de nos messes
paroissialles sans aucune oppositions civile
ny canonique antoine aviron fils de deffunts
gatien aviron et marie groleau ses pere et mere
par nous inhumé et jeanne aviron fille de deffunt
Laurent aviron et de Jeanne septier femme a pnt de
de francois Billard ses pere et mere tous de cette prsse
de St Senochs ont ete pnt et consentent a la
celebration de leur mariage pierre aviron frere
du mariée René et Jean aviron ses deux oncles
paternelles Jean groleau son oncle maternel Jeanne
Jouzeau femme de Jean frapier de Renée davaunneau
de Jacques Chevallier ses tantes Jeanne septier et francois 
Billard mere et beau pere de la mariée Louis septier
son oncle Mre estienne Barentin Sr de la mechiniere
Louis arnault Sr de la molerge et plusieurs autres parents
et amis qui ont dit ne scavoir signer fors les soussignez
signé antoine aviron Barentin anne bonnet arnault
et froger » 

[Et là, surprise ! Le marié va signer le registre]. « Géniaaaaal, je vais pouvoir aller jeter un œil à sa signature…quand tout le monde sera parti bien sûr.« 
[Quelques minutes plus tard, la noce sort doucement de l’église. Je fais semblant de me recueillir, tout en jetant un regard impatient vers l’autel. Une fois tout le monde dehors, je me lève discrètement et commence à remonter la nef. Soudain, j’entends quelqu’un se râcler la gorge : le prêtre se tient devant moi et m’indique la sortie. Je fais mine de dire une dernière parole pieuse et quitte, dépitée, le lieu saint. Arrivée sur le seuil de la porte, le soleil m’éblouit. Je mets ma main devant les yeux. Lorsque je me suis habituée à la luminosité, je m’aperçois qu’il n’y a plus personne dehors. J’entends du bruit derrière moi. Quand je me retourne, je constate qu’une cérémonie religieuse se tient dans l’église pourtant vide quelques secondes auparavant. Contre mauvaise fortune bon cœur, je retourne m’asseoir sur les bancs de l’église.

Concentrée et pleine de bonnes résolutions (comme écouter ce que dit le prêtre), je reprends cependant mes mauvaises habitudes et laisse mon esprit vagabonder sur les détails architecturaux, ici, la voûte, là, le chœur et son jubé. Ca y est, le moment intéressant, généalogiquement parlant, arrive : le moment où le curé lit l’acte de mariage.]

« Le 9 du mois de septembre l’an mil sept cent vingt
huit après la publicationt de trois bans selon la
forme ordinaire aiant naÿant empechement
ont etez mariez par nous sousignez apres avoir
pris leur consentement mutuel jeans jacque trench
ant et bergite boubaÿ tous deux de cet parose
et de jean baptite le chien et de laurent
boubaÿ on signe comme temoins » 

[Et là, surprise ! Les mariés vont signer le registre…eux aussi]. « Chouette, je vais pouvoir aller jeter un œil à leur signature…peut-être.« 
[Quelques minutes plus tard, la noce sort doucement de l’église. Je fais semblant de me recueillir, tout en jetant un regard dubitatif autour de moi. Une fois tout le monde dehors, je me lève, sceptique, et commence à remonter la nef. Soudain, j’entends quelqu’un se râcler la gorge. Je n’ose pas lever les yeux : le prêtre se tient devant moi et m’indique la sortie. J’hésite à faire semblant de dire une dernière parole pieuse et quitte, perplexe, le lieu saint. Arrivée sur le seuil de la porte, le soleil m’éblouit. Je mets ma main devant les yeux. Lorsque je me suis habituée à la luminosité, je ne peux que constater qu’il n’y a plus personne dehors. J’entends du bruit derrière moi. Je retarde le moment de me retourner car je devine qu’une cérémonie religieuse se tient dans l’église, que je croyais vide quelques secondes auparavant. Impassible, je retourne m’asseoir sur mon banc, dans l’église.

Attentive et consciencieuse, j’attends, fataliste, qu’arrive le moment où le curé lit l’acte de mariage.]

« Etienne Bodeau fils de Cosme Bodeau et de défunte Renée Rouleau ses père et mère, de la paroisse de Savigné et Marie Naulet fille de Jean Naulet et de défunte Marie Bourreau ses père et mère de cette paroisse ont ce jourd’hui, dix-septième novembre mille sept cent onze, reçu la bénédiction de mariage par nous prêtre curé soussigné les cérémonies accoutumées dûment observées les bans publiés en cette paroisse par trois dimanches consécutifs au prône de grande messe et en celle de Savigné ainsi qu’il parroît par certificat du sieur curé en date du dix de ce mois signé Hervé sans qu’il se soit trouvé d’opposition ni empêchement et présent ledit Cosme Bodeau père et de Jean Naulet et Etienne et Pierre les Rouleau, René et René les Vinet soussignés, consentants, lesdits Cosme Bodeau et Jean Naulet ont dit ne savoir signer et ladite Naulet de ce enquis lesdits Roulleau et Vinet de la paroisse de Savigné les autres de cette paroisse » 

[Et là, surprise ! Le marié va signer le registre…lui aussi]. « Ouaiiiiis, je vais pouvoir aller jeter un œil à sa signature…mon œil ! » 

[Quelques minutes plus tard, la noce sort doucement de l’église. Je ne fais plus semblant de me recueillir, j’inspecte les allées autour de moi. Une fois tout le monde dehors, je me lève, incrédule, et commence à remonter la nef. Soudain, j’entends quelqu’un se râcler la gorge. Je lève les yeux, au cas où, même si je m’attends à ce qui va suivre : le prêtre se tient devant moi et m’indique la sortie. Je bougonne et quitte, échaudée, l’église. Arrivée sur le seuil de la porte, le soleil m’éblouit. Je mets ma main devant les yeux. Lorsque je me suis habituée à la luminosité, je me doute qu’il n’y a plus personne dehors. J’entends du bruit derrière moi. Je ne sais pas si je vais me retourner car je sais qu’une cérémonie religieuse se tient dans l’église, qui, je me le demande, a-t-elle vraiment été vide. 
Je crois que je vis mon jour de la marmotte.

Résignée, je retourne, encore, m’asseoir sur mon banc, toujours à la même place libre.

Blasée et désappointée, j’attends le moment où le curé va lire l’acte de mariage.]

« Le huitiesme jour de janvier 16 quattre vingt huit
ont recu la benediction nuptiale dans l’eglise de pont de ruan
par nous pretre desservan la cure dud lieu apres les trois
publications faite canoniquem[ent] et y avoir observé tout ce qui y doit
etre gardé come il apert et de par la proclamation faite de
ceste eglise que dans celles d’Arthanne suivant le certificat
du Sr curé dud Artanne a nou presenté en datte du 7 de
ce mois les personnes de Claude Denis marchand fils de deffunt
Remond Denis et de Jacquette Reverdy ses pere et
mere en legitime mariage et de marie mariau fille de
Mtre Loüis mariau et de deffunte Catherine Leroux
aussi ses pere et mere assiste lesusd epoux de
jacquette Reverdy sa mere de pierre et remond les denis
ses frere et lad epouse assistée de Lozaire
Septier marchand son beau pere et des soussigné le
quel epoux et epouse et lad Reverdy on declaré ne scavoir
signer fors les soussignés signé C Denis L Septier et
mistouflet » 

[Et là, truisme! Le marié va signer le registre…évidemment]. « Youhou, je vais pouvoir aller jeter un œil à sa signature…ou pas ! » 

[Quelques longues minutes plus tard, la noce sort doucement de l’église. Je sors directement de l’édifice, sans me retourner. Arrivée sur le seuil de la porte, le soleil m’éblouit. Je mets ma main devant les yeux. Lorsque je me suis habituée à la luminosité…je suis dans mon jardin.]
« OUF, à force de tourner en rond, ce voyage m’a donné le tournis. La prochaine fois, il faudra que je pense à prendre mes lunettes de soleil, de toute façon, je détonne déjà avec mon pantalon en skaï. » 
[Et malgré toutes ces péripéties, ma curiosité est toujours là. Donc direction les Archives départementales, pour enfin voir les signatures de mes ancêtres.]

1. Le 25 juin 1721, mariage d’Antoine Aviron (sosa 2026) et de Jeanne Aviron (sosa 2027), St-Senoch (AD37, 6NUM6/238/015, vue 23)
Mar_Aviron_Aviron_1721_St_Senoch_6NUM6.238.015_p.23Mar_Aviron_Aviron_1721_St_Senoch_6NUM6.238.015_p.23suite

Bon, visiblement, le marié a bien signé le registre de mariage mais comme les AD37 ont numérisé la copie du greffe, la signature n’apparaît pas. Dommage !

2.  Le 9 septembre 1721, mariage de Jean Pierre Tranchant (sosa 880) et Brigitte Boubay (sosa 881), Thun-Saint-Martin (Nord)
Mar_Tranchant_Boubay_Thun_1728_p.65
Les mariés sont bien allés écrire sur le registre mais pas pour signer, juste pour laisser leur marque. Ils ne savent pas signer. Dommage !

3. Le 07 novembre 1711, mariage d’Etienne Bodeau (sosa 764) et Marie Naulet (sosa 765), Parçay-les-Pins (Maine-et-Loire).
mar Bodeau Naulet_Parçay_1711_p.155 De jolies signatures avec des ruches ! 

4. Le 08 janvier 1688, mariage de Claude Denis (sosa 1834) et de Marie Mariau (sosa 1835), Pont-de-Ruan (Indre-et-Loire).
Mar_Denis_Mariau_1688_Pont_de_Ruan_greffe
Le marié a bien signé le registre mais pas de signature. Vous aurez compris qu’il s’agit de la copie du greffe. Heureusement, le registre communal a été numérisé (AD37, 6NUM7/186/004, vue 87).
Mar_Denis_Mariau_1688_Pont_de_Ruan_6NUM7.186.004_commune_p.87Mar_Denis_Mariau_1688_Pont_de_Ruan_6NUM7.186.004_commune_p.87suite
Et voici la signature de Claude.

Je vous donne RDV pour une prochaine aventure.