Aujourd’hui, je vais vous raconter mon aventure aux Archives, dans les entrailles des registres cadastraux. Non, non, ne riez pas. Quand je consulte les matrices cadastrales, j’ai l’impression d’être sur une autre planète, dans un monde parallèle (quand je consulte les rôles d’imposition aussi d’ailleurs).
Comment j’en suis venue à m’enfoncer dans les méandres du cadastre ?
Comme tous les généalogistes, après quelques années de pratique, j’ai ressenti l’irrépressible besoin d’en savoir plus sur mes ancêtres, plus que leurs dates et lieux de baptême, mariage et sépulture. Avec les recensements, mon besoin a été comblé. Un temps du moins, car si je savais avec plus de précisions où ils vivaient, je voulais savoir OÙ ils vivaient.
Ni une ni deux, j’ai pris rendez-vous aux AD37 pour m’inscrire à l’ « accueil personnalisé » du mardi matin. Ma toute première recherche, était HYYYPPPPPER facile (4 propriétaires dont 3 de père en fils, et j’avais le nom des propriétaires et les numéros des parcelles)(1). Du coup, j’ai cru que j’étais devenue une as des matrices cadastrales. Grossière erreur !!!! Quand il a fallu que je fasse une recherche pour laquelle une multitude de propriétaires ont acheté et vendu les parcelles, les ont partagées pour ensuite les réunir, détruisant au passage la maison que je croyais être celle dont je faisais l’histoire, avant d’en construire une nouvelle…Vous connaissez la chanson de Souchon, Rame ? Et bien, je peux vous dire que j’ai ramé parce que JE SUIS NULLE EN ARCHIVES. Heureusement, les archivistes sont compatissants et disponibles.
Bref, avant de savoir que je ne suivais pas le bon spaghetti de mon assiette de mille pâtes, j’ai écouté les conseils des archivistes. Mais j’ai dû tomber sur un registre ensorcelé car après vingt minutes, j’ai perdu tout sens logique. Fini de me concentrer sur une seule parcelle ou un seul propriétaire, je me suis mise à courir deux lièvres à la fois. En fait, il y avait toute la portée de lièvres qui me submergeait, les numéros de folio collés sous chaque patte.
Première erreur à ne pas commettre, suivre plusieurs propriétaires, surtout s’il y a partage de parcelle. Il faut se mettre un repère pour marquer la branche qui a été mise en attente et y revenir lorsque la première a été totalement remontée.
Deuxième erreur à ne pas commettre, refermer les registres consultés. Pour remonter les folios, c’est-à-dire les propriétaires, on est amené à consulter plusieurs registres. S’il est toujours possible de retrouver le folio, grâce aux notes scrupuleusement consignées sur son calepin, son cahier, sa feuille, son bloc-note…, c’est plus rapide de le laisser à porter d’yeux, que de devoir retrouver le bon registre et le rouvrir à la bonne page.
Troisième erreur à ne pas commettre : les plans cadastraux, a fortiori les matrices cadastrales, ne servent pas à établir les propriétés foncières des uns et des autres. Le cadastre, CA SERT POUR LES IMPÔTS ! Les propriétaires inscrits sur les matrices, ce ne sont pas forcément ceux qui vivent sur place mais bien ceux qui paient l’impôt.
Donc, au sortir de ma séance, je ne savais pas vraiment où j’étais allée mais j’avais l’impression d’avoir franchi la ligne d’arrivée. Autre GROSSIERE erreur. En fait, il y avait des branches que je n’avais pas fini de remonter, des parcelles que je n’avais pas étudiées mais qui finalement m’auraient intéressées. Mes recherches ressemblaient à un gruyère.
Malgré tout, toujours motivée, je trépignais de ne pouvoir prendre un autre rendez-vous avant un long moment (je travaille le mardi matin). Mais il faut croire qu’il y a un dieu de la généalogie car j’ai appris au même moment que la numérisation des matrices étaient en cours et que leur mise en ligne était une question de semaines. Des semaines qui n’en finissaient pas de finir. Jusqu’au jour où.
Forte de mon expérience et surtout de mes erreurs, je me suis replongée dans les registres, studieusement, méticuleusement. Résultat, j’avais toutes les informations mais mon cerveau n’avait absolument pas fait la connexion entre les propriétaires, les ventes, les partages. Il a fallu que je reprenne mes notes une première fois, réécrivant tous les détails puis une seconde fois pour tout remettre dans l’ordre chronologique.
Demain, je vous livre le résultat de mes recherches.
Voir ici pour découvrir comment je me suis fourvoyée quant à ma compétence en matière d’archives cadastrales.
NB : depuis mi janvier, les matrices cadastrales sont numérisées et consultables sur le site des AD37. Le critère temps (la consultation des matrices n’était possible que le mardi matin entre 9h00 et 12h00) n’étant plus de la partie, les recherches dans les matrices sont désormais plus « simples », ce qui n’était pas le cas lors des recherches dont je parle dans l’article. D’où le délai entre le moment où je suis allée aux AD et celui où j’ai terminé l’article (2 mois), que j’avais un peu délaissé au profit d’autres recherches dans les matrices.