Publié dans Personnalités tourangelles, Petite histoire de la Touraine

Tours, 1924, l’Éventreur et la Veuve

Les faits

Le 13 avril 1924, Suzanne Lavollée est sauvagement assassinée dans sa chambre du 29 rue du cygne, à Tours.
Avril 1924. Suzanne, dite Suzy, vend ses charmes. Elle va chercher ses clients chez M. Gautry, au café Mozart, 57 rue de la Scellerie à Tours et les emmène dans une chambre meublée que Mme Arloux, la propriétaire, lui loue.
Très rapidement après la découverte du crime, les soupçons se portent sur le dernier client de Suzy.

Le suspect : from Italy.

Le dernier client de Suzy s’appelle Francesco Zeiro Finatti. Il est italien et travaille en tant que cimentier pour le compte de M. Launay. Finatti a 39 ans au moment des faits (il naît le 8 septembre 1884 à Salara). Il a été vu sortant de la chambre de Suzy peu de temps avant la découverte du corps.

Le déroulement des faits : les dernières heures de Suzy.

Dans l’après midi du 13 avril, Finatti fait la rencontre de Suzy au café Gautry. Ils discutent près de deux heures puis « montent » dans la chambre de la jeune prostituée. Une fois leur transaction conclue, le couple se sépare mais se retrouve vers 19h00, au café Gautry, et repart pour un deuxième « voyage » .
L’accès à la chambre de Suzy impose de se faire ouvrir la porte par la logeuse, Mme Arloux, qui n’ignore rien de l’activité de sa locataire. A 20h00, Finatti quitte seul l’appartement. Mme Arloux, dont l’habitation jouxte celui de Suzy, s’étonne de l’absence de remue-ménage. En effet, après son « travail », Suzy avait l’habitude de ranger le désordre. Intriguée, la propriétaire frappe à la porte, et ne recevant aucune réponse, entre. Elle découvre alors une scène effrayante : Suzy est étendue sur le lit, entièrement dévêtue, les cheveux défaits, une jambe repliée, l’autre pendante. Son cou porte des traces de strangulation, et son corps est atrocement mutilé : ses seins et ses parties génitales sont coupés, son ventre est ouvert sur vingt centimètres de long et laisse échapper les intestins.

L’enquête : le suspect est-il coupable ?

Les policiers interrogent Mme Arloux et les clients du café Gautry. Tous ont noté l’accent italien de l’homme qui a accompagné la prostituée. La police consulte le fichier des étrangers séjournant à Tours et très rapidement, leurs soupçons se portent sur Francesco Zeiro Finatti. Le logement du suspect, situé 28 rue Charles Gille, chez Mme Roy, est perquisitionné en son absence. Les vêtements retrouvés correspondent à la description faite par les témoins. Dès le lendemain du crime, les policiers se rendent chez M. Launay, un entrepreneur en maçonnerie situé rue Victor Hugo, pour lequel Finatti travaille. Ils apprennent que Finatti est venu travailler le matin même, comme d’habitude, et qu’il s’est rendu sur un chantier place de la gare. Le suspect est aussitôt interpellé. L’interrogatoire est mené en présence des commissaires Ottavi et Fabiani, du substitut du Procureur Ribes et du juge d’instruction Cador. Contestant sa présence au café Gautry la veille, une confrontation est organisée avec les clients du débit de boissons. Tous le reconnaissent. Malgré cela, Finatti continue de nier. On le conduit alors sur les lieux du crime, où la cadavre de Suzy se trouve toujours. Le logement de Finatti est de nouveau perquisitionné, et cette fois-ci, les policiers y découvrent les objets et les bijoux volés à la victime. Finatti craque et avoue son crime.

ATTENTION, le lien ci-dessous peut choquer les personnes sensibles. Il s’agit d’une photographie du cadavre de Suzanne (collection du Rijksmuseun d’Amsterdam, numéro d’objet RP-F-2014-81).
cliquez ici – attention, image choquante
Un autre tirage de la même photographie (?)
cliquez ici – attention, image choquante

La raison du crime : pourquoi tant de haine ?

Lorsque l’on demande à Finatti pourquoi il a tué Suzanne Lavollée, il répond que la belle-de-nuit lui avait dérobé un billet de 50 francs. Pris d’une colère aveugle, il l’a étranglé mais ne se souvient pas de ce qui s’est passé par la suite. Il n’explique pas les mutilations, il dit seulement : « J’étais fou de colère » . Lors de son arrestation, Finatti a encore sur lui le couteau de poche meurtrier.

La condamnation

Deux mois et demi après son arrestation, le 26 juin 1924, Finatti comparait devant la Cour d’assises d’Indre-et-Loire. Maître Sabourin a la dure tâche de défendre l’accusé alors que l’avocat général, maître Duport, réclame la tête de l’assassin. Le verdict tombe en quelques minutes seulement : le jury déclare Finatti coupable et ne lui octroie pas de circonstances atténuantes. A l’énonciation de la sentence, le condamné à mort répond : « Que l’on fasse de moi ce que l’on voudra ! Je m’excuse de ce que j’ai fait ! » .

L’application de la sentence : la mort ou la grâce ?

Après l’annonce du verdict, Finatti se pourvoit en cassation(1). Son pourvoi est rejeté. L’exécution est programmée le matin du 19 septembre. Ce jour-là vers 4h15, « Monsieur de Paris » (le bourreau) arrive en voiture (ou par l’express de Paris selon la presse locale). La guillotine est installée boulevard Béranger, juste devant la grille de la prison (à l’emplacement de l’actuel Poste), en partie sur le trottoir, en partie sur la chaussée (voir ici). La foule se rassemble. Un peu avant 5 heures, on réveille le condamné. Finatti s’habille, s’entretient avec l’aumônier, se confesse et communie, accepte la dernière cigarette qu’on lui offre et réclame sa pipe. A 5h30, il est prêt mais le bourreau de se fait attendre. Enfin, Finatti est conduit devant celle par qui la justice expie les crimes. Le couperet tombe à 5h55. Quarante-cinq secondes se sont écoulées entre le moment où le condamné est apparu à la porte de la prison et l’exécution. Anatole Deibler vient de procéder à la dernière exécution publique d’Indre-et-Loire (2).

Finatti, exécution
AD37, 1Y70

Finatti est mort (voir son acte de décès ici). Son recours en grâce a été rejeté(3).

Finatti, recours en grâce
AD37, 1Y70

En rédigeant l’article, je me suis dit que j’aimerais bien en savoir plus sur Suzy. Ce sera dans un prochain article.

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Les échos dans la presse de l’époque(4)

Ci-dessous les liens vers les articles de presse dans lesquels l’affaire Finatti est évoquée.

Le 15 avril

Le Journal d’Indre-et-Loire (AD37, 2019PERU113, vue 358)
La Dépêche (AD37, 2030PERU62, vue 33)
La Touraine Républicaine (AD37, 2029PERU54, vue 423)
Le Quotidien (Gallica)
Le Gaulois (Gallica)

Le 16 avril

Le Journal d’Indre-et-Loire (AD37, 2019PERU113, vue 362)
La Dépêche (AD37, 2030PERU62, vue 36)
La Touraine Républicaine (AD37, 2029PERU54, vue 427)
Le Courrier de Saône-et-Loire (Gallica)

Le 17 avril

La Dépêche (AD37, 2030PERU62, vue 38)
La Touraine Républicaine (AD37, 2029PERU54, vue 431)
Le Journal de Chinon (Gallica)

Le 19 avril

– Le Moniteur de la Haute-Vienne (Gallica)

Le 19 juin

Journal de Chinon (Gallica)

Le 20 juin

Le Tourangeau (Gallica)

Le 27 juin

Le Journal d’Indre-et-Loire (AD37, 2019PERU113, vue 599)
La Dépêche (AD37, 2030PERU62, vues 201-202)
La Touraine Républicaine (AD37, 2029PERU54,
vue 718)

Le 28 juin

Le Journal d’Indre-et-Loire (AD37, 2019PERU113, vue 603)
La Touraine Républicaine (AD37, 2029PERU54, vue 722)
L’Echo du Nord (Gallica)

Le 29 juin

Le Tourangeau (Gallica)

Le 03 juillet

Le Républicain de Chinon (Gallica)

Le 06 juillet

La Croix d’Indre-et-Loire (Gallica)

Le 02 août

– L‘Action française (Gallica)

Le 03 août

Le Journal d’Indre-et-Loire (AD37, 2019PERU113, vue 721)
La Touraine républicaine (AD37, 2029PERU54, vue 866)
Le Tourangeau ( Gallica)

Le 19 septembre

La Touraine Républicaine (AD37, vues 1053-1054)
La Dépêche (AD37, 2030PERU6, vue 174)
Le Journal d’Indre-et-Loire (AD37, 2019PERU113, vue 877)
Le Petit Comtois (Gallica)
Le Petit parisien (Gallica)
Le Peuple (Gallica)
L’Ouest-Eclair (Nantes) (Gallica)

Le 20 septembre

Le Journal d’Indre-et-Loire (AD37, 2019PERU113, vue 881)
– La Dépêche (AD37, 2030PERU63, vue 176)
La Charente (Gallica)
La Presse (Gallica)
Le Télégramme (Toulouse) (Gallica)
La Dépêche (Toulouse) (Gallica)
La Dépêche de Constantine (Gallica)
Le Radical (Gallica)
L’Echo d’Alger (Gallica)
Le Matin (Gallica)
Le Midi socialiste (Gallica)
– La Dépêche de Brest (Gallica)
Le Bien public (Gallica)
Le Journal (Gallica)
La Dépêche républicaine de Franche-Comté (Gallica)
L’intransigeant (Gallica)
L’Œuvre (Gallica)
La Liberté (Gallica)
Paris-Soir (Gallica)
L’Humanité (Gallica)
L’Est républicain (Gallica)
Le Petit troyen (Gallica)
Comoedia (Gallica)
L’Eclair comtois (Gallica)
L’Ouest-Eclair (Caen) (Gallica, Gallica)
Le Figaro (Gallica)
L’Ere nouvelle (Gallica)
Le Messin (Gallica)
Le Petit journal (Gallica)
The Chicago tribune and the Daily news (New York) (Gallica)

Le 21 septembre

Le Républicain des Hautes Pyrénées (Gallica)
Le Tourangeau (Gallica)
Le Rappel (Gallica)
La Lanterne (Gallica)
L’express de l’Est et des Vosges (Gallica)
L’Ouest-Eclair (Gallica)
Le Grand écho du Nord de la France (Gallica)
Gazette des tribunaux (Gallica)
Le Patriote des Pyrénées (Gallica)

Le 24 septembre

Le Bonhomme limousin (Gallica)

Le 27 septembre

– Journal du Tarn (Gallica)

Le 28 septembre

La Croix de Tarn-et-Garonne (Gallica)

Le 1er novembre 1927

Les Dernières nouvelles de Strasbourg (Gallica)

Le 12 octobre 1949

L’Aurore (Gallica)

Philippe Charlier fait référence au crime de Finatti dans son ouvrage, Seine de crimes : Morts suspectes à Paris 1871-1937 (voir ici – attention, on y voit la photo du cadavre de Suzanne), de même que Marc Lemonier, dans Tour de France insolite du Crime (voir ici).

(1) Quand un justiciable veut contester une décision de justice, il doit former un pourvoi en cassation. Ce pourvoi a pour objet de saisir la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire : la Cour de cassation. La Cour de cassation ne juge pas les faits. Elle se prononce sur la conformité en droit, c’est-à-dire qu’elle vérifie que les juges ont appliqué la bonne règle de droit. Lorsqu’un jugement est cassé, l’affaire est en principe renvoyée devant la juridiction dont la décision est cassée. Au pénal, le pourvoi en cassation doit se faire dans un délai de cinq jours suivant le jugement. Un pourvoi en cassation ne suspend pas l’application du jugement.
(2) Le dernier guillotiné d’Indre-et-Loire s’appelle Raymond Thaon (1951). Filicide, il est condamné à mort en 1950 pour avoir assassiné son fils de 11 ans, en le battant et en le jetant dans la Vienne. Comme l’enfant criait encore, il le récupéra, l’acheva à coups de pieds et le démembra.
Avec Finatti, Anatole Deibler vient d’exécuter son 279è condamné à mort. Au total, il exécutera 375 condamnés entre 1885 et 1939.
(3) Les dossiers de recours en grâce, versés depuis 1827 par le ministère de la Justice aux Archives nationales, ont subi d’importants triages ; seuls les dossiers présentant un intérêt historique (par exemple, tous les dossiers de grâce de condamnés à mort) ont été conservés en totalité tandis que les affaires de droit commun, jugés de peu d’intérêt historique, ont été détruits.
(4) Le Journal d’Indre-et-Loire est un quotidien conservateur édité à Tours, paru entre 1789 et 1926. Il a connu plusieurs périodicités durant sa parution.
La Dépêche est née en 1889, lorsque Daniel Wilson (celui du scandale des légions d’honneur) décide de supprimer le journal La Petite France et de confier L’Union Libérale (autre quotidien de l’époque) à Ernest Arrault. Ce dernier déclare  » je prendrai la Petite France et si vous me laissez faire, je la relèverai ! » Ernest Arrault explique que le seul moyen de sauver ce journal est de le ramener aux dimensions d’un quotidien départemental. Arrault réussit son pari mais doit changer son nom suite à un procès. Après neuf années d’existence, La Petite France devient donc La Dépêche du Centre. De départemental, le journal devient régional et connaît un immense succès. Il est, avec Tours-Soir, l’un deux plus grands quotidiens régionaux d’entre deux guerres à Tours. Le premier était imprimé rue Etienne Pallu, tandis que le second, appartenait aux Imprimeries Arrault et Cie, situées 6 rue de la Préfecture. Lors de la débâcle de juin 1940, les deux journaux cessent de publier. La Dépêche du Centre suspend sa parution le 16 juin. Cependant, le journal reprend ses éditions le 27 Juin 1940, sous contrainte allemande. Des partisans sont placés à la tête de la rédaction et la Dépêche devient un organe de propagande au service du Reich, jusqu’en août 1944. Dans la nuit du 30 au 31 Août 1944, alors que les Allemands quittent Tours, des résistants prennent possession des locaux de La Dépêche du Centre. Le journal (ainsi que Tours-Soir) est alors interdit sur arrêté préfectoral en application des décrets du Gouvernement provisoire. Les locaux et le matériel échoient ensuite à la Nouvelle République, jusque-là journal clandestin  du groupe résistant Libé-Nord.
La Touraine républicaine : journal hebdomadaire, politique, agricole et commercial, puis journal quotidien régional puis grand quotidien régional.

Erratum : dans l’infographie 11, il faut lire « les bois de justices arrivent » dans l’infographie 16, il faut lire « comme le soulignent certains commentateurs ».

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Z comme…RoZe

Vu le nombre de site internet qui évoquent la manufacture Roze, vous pouvez en déduire que l’entreprise jouit d’une grande notoriété.

(voir aussi ici, ici, encore ici, et même et ).

La famille Roze s’est illustrée dans la fabrication d’étoffes de soie. Le premier membre de la famille à s’établir à Tours est Jean-Baptiste Roze-Moussart, fils d’un marchand-fabricant picard. Il obtient le titre de « maître marchand fabricant d’étoffes d’or, d’argent et de soie » et devient conseiller du roi. Son fils, Antoine Roze (1675-1756), conseiller du roi et juge garde de la Monnaie de Tours, procureur du roi à l’hôtel de ville, prend sa suite. En 1819, Frédéric Pillet-Roze reprend l’activité de la manufacture de soieries ; il est l’un des premiers à utiliser les métiers Jacquard.
Installés à la barrière Sainte-Anne, les ateliers sont détruits dans un incendie survenu en 1872. Aujourd’hui, la manufacture est installée à Saint-Avertin

Le square prend son nom actuel par délibération du 28 mai 1979.
Square Roze, Tours

(C) Geoportail

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X comme…MoineauX

Jacques Joseph Désiré Moineau, plus connu sous son nom de plume, Jules Moinaux(1), est un écrivain et humoriste français, dramaturge, chroniqueur et librettiste. Né à Tours le 24 octobre 1815 au 34 rue Eugène Sue (ancienne rue des Anges) (voir on acte de naissance ici), il est le fils de Jacques Joseph Moineau, ébéniste, et d’Anne-Françoise PHILIPPE.
Jules Moinaux commence par apprendre le métier de son père, puis il devient employé aux écritures dans une grande banque. Mais rapidement, il préfère vivre de sa plume, et devient journaliste et rédacteur-sténographe au Palais de justice de Paris.

Dès la fin des années 1840, il commence à écrire des pièces comiques qui remportent un franc succès. À partir de 1853, son talent comique est remarqué par Jacques OFFENBACH, pour qui il écrit Pépito et Les Deux Aveugles (1855). Il devient chroniqueur judiciaire à La Gazette des Tribunaux et au Charivari. Il s’inspire des débats des procès correctionnels et en profite pour faire la satire de son époque : il souligne d’un trait acéré, l’aspect burlesque des petites scènes de prétoire.

« Vous êtes un des conteurs les plus originaux et les plus désopilants qui aient jamais existé dans notre pays de France. Vous puisez à la source inépuisable de la perversité, ou plutôt de la bêtise humaine ; car ce qui fait le mal en ce monde, ce n’est pas la méchanceté, c’est la bêtise. »

Alexandre Dumas fils, préface de Le Bureau du commissaire, 1886

Jules Moinaux est le père de Georges Courteline. Il meurt le  à Saint-Mandé.
La maison natale de Jules Moinaux, construite au XVIè siècle, se situe au 34 rue Etienne-Marcel à Tours. Elle est classée au titre des MH depuis 1948.

La rue Jules Moinaux, ancienne rue Molière en 1792 puis rue Saint-Pierre en 1816, prend son nom actuel par délibération du 21 octobre 1898.Rue_Moinaux

(1) « Moinaux ou Moineau ? Le patronyme semble n’avoir jamais été fixé définitivement. Le père de Joseph-Désiré inscrit son fils sous le nom de Moineau mais signe Moinaux. Un oncle, né en 1826, est enregistré sous le nom de Morinaux et opte plus tard pour Moineaux… Les générations suivantes utiliseront Moinaux ou Moineau indifféremment, sans que jamais le choix soit signifiant. » Emmanuel Haymann, Courteline, Paris, Flammarion, 1990.
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Sources
– Gascuel, op. cit.

– Viallès, op. cit.
http://www.crcrosnier.fr/preb03/moinaux-preb3.htm


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W comme…Wedells

Enfin une femme dans ce Challenge AZ 2021 ! (voir ici pour connaître les femmes qui  ont laissé leur nom à une rue de Tours).

Jeanne Wedells, de son nom de jeune fille, Françoise Adèle Decreuse, naît le 3 juin 1849 à Frétigney (Haute-Saône). D’une famille modeste, elle épouse un homme fortuné d’origine autrichienne, Léopold Wedells. Les Wedells possédaient un appartement, avenue de Grammont, à Tours. Devenue veuve, Jeanne Wedells s’installe dans la villa Chanteclerc à Sainte-Radegonde. Sans enfant, elle lègue une partie de sa fortune au bureau de bienfaisance de la ville. Elle décède au 24 avenue de Grammont à Tours, le 18 décembre 1921 (voir son acte de décès ici).

Autrefois rue du chemin vert, puis rue du chemin des Réaux et rue des Fallières, la rue prend son nom actuel par délibération du 24 juin 1923.
rue_Wedells

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Source
– Gascuel, op. cit.

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V comme…Vivier

« Je suis de souche charentaise, né par accident en Loir-et-Cher. Je suis tourangeau d’adoption. »

Encore un Tourangeau dont j’ignorais le nom et le rôle dans l’histoire locale. C’est d’autant plus étonnant qu’il a écrit de nombreux ouvrages, certes anciens, sur la Touraine. Mais ce n’est pas là son seul talent.

Paul-Robert Vivier est né à Chitenay (Loir-et-Cher) le 14 août 1891, dans une famille modeste (son père est menuisier et sa mère institutrice). Il fait des études à Blois, au lycée Augustin Thierry, où il rencontre entre autres, Gallier, futur pharmacien et Henri Laigret, médecin qui a découvert le vaccin contre la fièvre jaune avec un certain Sellards. Il obtient son baccalauréat en 1910 puis poursuit ses études à Lyon (classes de khâgne et d’hypokhâgne). Il passe son agrégation d’histoire à Paris en 1914. Il entre dans l’enseignement, d’abord à Angoulême, puis à Strasbourg et ensuite au Lycée Descartes de Tours. Il est ensuite nommé inspecteur d’Académie. À partir de 1940, il achète une maison située 1 rue François Arago à Tours (il habitait auparavant en location, rue Jourdan puis impasse Heurteloup).
Vétéran de la Première mondiale*, il est révoqué en 1942 du fait de son appartenance à la Franc-maçonnerie. Il rejoint alors la résistance et protège des communistes, des Juifs, des prisonniers de guerre, des évadés, favorise leur passage en zone libre et transporte du courrier clandestin. A la Libération, il est nommé Préfet d’Indre-et-Loire. En 1946, Robert Vivier est nommé inspecteur général de l’Instruction Publique. Promu officier de la Légion d’Honneur (il avait été nommé Chevalier en 1935), au titre du ministre de l’Intérieur, il prend sa retraite de Préfet en 1948 pour devenir Inspecteur général honoraire de l’Instruction Publique et Préfet honoraire. Il milite au sein de la Ligue Française de l’Enseignement, de l’Université populaire ; il administre la Mutuelle générale de l’Éducation Nationale (MGEN).

Membre correspondant du Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, il accomplit un travail d’historien considérable sur l’histoire de la Touraine.

Il décède le 3 septembre 1974 d’une crie cardiaque sur les marches de l’Hôtel de Ville de Tours, lors des fêtes de la Libération de la ville.

La rue prend son nom actuel par délibération du 16 février 1976.
rue_Vivier

*En août 1914, il est mobilisé et affecté au service de santé comme brancardier puis il part volontaire pour l’Armée d’Orient en 1915. Atteint de paludisme et de dysenterie, il est blessé et rapatrié en 1918 et démobilisé en 1919.
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source : musée de la résistance en ligne

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U comme…Ursulines

Après les lettres I et K, nouvelle entorse avec la lettre U. En effet, je ne vais pas vous parler d’une personne mais d’une communauté, celles des Ursulines, dont la membre la plus célèbre s’appelle Marie Guyart.
Le couvent des Ursulines est fondé en 1619 et établi en 1625 à la Petite Bourdaisière. (selon Gascuel, les Ursulines s’installent à Tours en 1620 et d’après le site des Ursulines de l’Union romaine, les Ursulines s’installent à Tours en 1622). Et quoi d’autre ? Rien puisque l’histoire des Ursulines de Tours est ensuite éclipsée _dans les textes contemporains du moins_ par l’histoire de Marie Guyart, devenue Marie de l’Incarnation, fondatrice des Ursulines de Québec.

Autrefois grand chemin de la Porte Neuve, puis rue du Poitou et rue de Voltaire, la rue prend son nom actuel par délibération du 10 août 1816.
rue_Ursulines (2)

Le commentaire de la guide
Des anciens bâtiments conventuels subsiste un grand bâtiment rectangulaire accompagné de deux pavillons, la nef de la chapelle Saint-Michel, attenante au logis de la Petite Bourdaisière. En revanche, la chapelle Saint-Joseph, édifiée en même temps que le logis de la Petite Bourdaisière, a été démolie en 1948.
La chapelle Saint-Joseph et les façades de la chapelle Saint-Michel sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 15 décembre 1941 (un nouvel ermitage St-Joseph est construit en 1985, identique à celui détruit en 1948).
L’ancien couvent accueille aujourd’hui Conservatoire régional de musique (création de l’Ecole de musique de Tours en 1876, qui devient Ecole Nationale de Musique en 1885 puis succursale du Conservatoire de Paris en 1925, puis Conservatoire National de Région en 1968).
arabesque
Sources
– Ranjard, La Touraine archéologique
– Gascuel, op. cit.
– site des Ursulines de l’Union romaine

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T comme…Taschereau

Jules-Antoine Taschereau naît à Tours le 28 frimaire an X (19 décembre 1801, voir son acte de naissance ici). Il est le fils de Jeanne Philippine Sophie Cahouet et d’Antoine Taschereau, juge au Tribunal civil du département d’Indre-et-Loire. Son père est également avocat au parlement, lieutenant particulier au bailliage et présidial de Tours, et en tant que monarchiste, a été emprisonné sous la Révolution (il ne doit sa survie qu’à la chute de Robespierre, et à son épouse). Jules-Antoine étudie le droit à Paris et collabore au Courrier français et au National.
Secrétaire général de la préfecture de la Seine au lendemain de la Révolution de Juillet, puis maître des requêtes au conseil d’État, il quitte le gouvernement en 1831, ses fonctions administratives pour briguer, comme candidat indépendant, la députation dans le 4è collège d’Indre-et-Loire (Chinon), et échoue une première fois, le , puis une seconde fois le 21 juin 1834. Il réussit à entrer à la Chambre, le , comme député du 3è collège d’Indre-et-Loire (Loches). Le , Taschereau est élu à l’Assemblée constituante pour représenter l’Indre-et-Loire, il est réélu, le , à l’Assemblée législative pour le même département.

Partisan du coup d’État du 2 décembre 1851, il est nommé par Louis-Napoléon Bonaparte, administrateur-adjoint de la Bibliothèque impériale en 1852. Il lègue une collection de livres rares à la bibliothèque municipale de Tours.
Taschereau meurt à Paris , des suites d’une attaque de paralysie.

La rue Taschereau prend son nom par délibération du 6 juillet 1964.
rue_Taschereau

Et qui d’autre ?
J’aurais pu vous parler de Marcel Tribut, maire de Tours.

arabesqueSources :
– Gascuel, op.cit.
– Wikipedia
https://www.cairn.info/revue-de-la-bibliotheque-nationale-de-france-2012-1-page-50.htm

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S comme…Sourdillon

Edmond selon Gascuel et Wikipedia, Emile selon la NR, Henri selon les actes de naissance et de décès, Sourdillon naît en 1860 à Lyon (voir son acte de naissance ici) et meurt le 03 août 1923 à St-Symphorien (voir son acte de décès ici). Professeur d’histoire au lycée Descartes, il devient directeur de l’Institut de Touraine qu’il fonde en 1912 (à l’époque, il s’agit d’une antenne de l’Alliance française qu’il destine à la création d’un cours de vacances pour personnes étrangères) (1). Il est également conseiller municipal de Tours en 1919.

Le square Sourdillon s’est d’abord appelé jardin Torterue, du nom de l’Hôtel particulier construit sur sa parcelle. Il prend ensuite le nom de jardin Grodvolle lorsque le Conservatoire de musique occupe l’Hôtel, puis celui de square Sourdillon.
Square_Sourdillon (2)

Et qui d’autre ?
J’aurai pu vous parler de Sicard, sculpteur.

(1) Depuis 1921, l’Institut est rattaché à la Faculté des Lettres de l’Université de Poitiers.
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Source
– Gascuel, op. cit.

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R comme…Ranjard

Né le 13 janvier 1881, à Montrichard (Eure-et-Loir), où son père était notaire, Robert Ranjard arrive à Blois en 1888, quand son père prend la direction de la succursale du Crédit Foncier. En 1898, son père est affecté à Tours. Robert suit sa famille dans la capitale tourangelle. Il entre à l’école de médecine à 17 ans, poursuit ses études et Paris, avant de s’installer définitivement à Tours où il exerce jusqu’en 1940. En parallèle, Ranjard effectue un travail d’historien et d’archéologue. Dès 1919, il entre à la Société archéologique de Touraine, dont il devient membre du conseil d’administration en 1935, vice-président en 1936 et dont il assure la présidence entre 1940 et 1949 (il est élu président d’honneur en 1957). En 1933, lors des fouilles entreprises au Prieuré St-Cosme, il identifie les ossements découverts comme étant ceux du poète Ronsard. Avant et après la Seconde Guerre mondiale, son rôle est décisif  dans l’inventaire du patrimoine tourangeau, sur l’état duquel il alerte les autorités. Victime d’un accident en 1948, il est contraint de réduire progressivement ses activités. Atteint de paralysie à la fin de sa vie, il décède le à son domicile, au 26 rue Bernard Palissy à Tours. Robert Ranjard est inhumé au cimetière de Saint-Symphorien

Ranjard est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1953.

La rue prend son nom actuelle par délibération du 24 octobre 1966.

Et qui d’autre ?
Je vous ai déjà parlé de Rabache (voir ici).

Le commentaire de la guide
Dans ma bibliothèque (voir ici et ), j’ai quelques ouvrages qui sont mes « bibles » en ce qui concerne Tours. Parmi ces livres, il y a le Ranjard, avec lequel j’ai passé mon agrément de guide. Certes, le Ranjard est un peu vieux puisqu’il date de 1930 (sixième édition de 1975) mais il est très complet et détaillé. Pour les malheureux qui n’auraient pas l’immense bonheur de connaître la Touraine, le Ranjard s’appelle en réalité La Touraine archéologique.
LA TOURAINE ARCHEOLOGIQUE - Droit | Rakuten
NB : je découvre que j’ai vécu pendant plus de 20 ans à moins de 300 m de la rue Ranjard (qui communique avec la rue Lavollée et la rue Mirault. Ca non plus je ne le savais pas).

arabesqueSources
– Gascuel, op. cit.
– Laurencin, op. cit.
– Wikipedia


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Q comme…Querville

Tout comme la lettre K, je n’ai que peu de choix pour trouver un Tourangeau dont le nom commence par Q et qui a une rue à son nom à Tours : Quinet, historien français et Querville. Ce sera donc Querville.

Jean Marie Querville naît le 9 janvier 1903 à Tours (voir son acte de naissance ici). Il entre à l’école navale. Embarqué sur la croiseur Strasbourg, il participe à la guerre du Rif en 1925. Pendant la dernière guerre (septembre 1940), refusant la défaite, il rallie la France libre en Grande-Bretagne et, promu capitaine de corvette, est affecté à l’Etat-major des Forces navales françaises libres (FNFL) à Londres (2e bureau). En 1943, il est envoyé à Alger pour effectuer la liaison avec les forces navales françaises d’Afrique du Nord. Il participe au débarquement de Normandie en 1944. En juillet 1945, Jean-Marie Querville est nommé au grade de capitaine de vaisseau et reçoit le commandement du croiseur Suffren en Indochine. Ensuite, il prend le commandement de la Marine du Tonkin, charge qu’il assure jusqu’en 1951, et est trois fois cité, avant d’être nommé en Afrique. Il est fait amiral en 1960. Il meurt le 30 décembre 1967, près de Blois. Ses obsèques ont été célébrées en l’église Saint-Nicolas à Blois où il est inhumé.
Querville est fait Compagnon de la Libération par décret du 12 Janvier 1943. De nombreuses autres décorations lui sont attribuées.

La Place de l’Amiral Querville prend son nom par délibération du 16 février 1976.
Place Querville

arabesqueSources : Gascuel
Ordre de la Libération
http://ecole.nav.traditions.free.fr/officiers_querville_jean.htm
http://www.landrucimetieres.fr/spip/spip.php?article6016


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