Publié dans Légendes et folklore de Touraine, Petite histoire de la Touraine

Au pays des dragons

Croyez-moi si vous voulez mais la Touraine est une terre de dragons. Oh pas les dragons de la mythologie, mais des dragons tout aussi étranges et terrifiants.

Selon la légende, le dragon rouge de Pressigny avait une gueule de crapaud, des ailes de buse, une queue de serpent et un grand appétit qui lui fit dévorer un paysan.

L’ancienne forteresse de la Celle-Draon, à la Celle-Guénand, évoquait le souvenir d’un dragon qui dévastait la région. Le Saint ermite Guénand l’aurait chassé.

A Nanteuil, près de Montrichard, un dragon ailé se serait installé dans le marais formé par le ruisseau de la vallée de Pontcher se jetant dans le Cher, situé au bas du village. Le dragon n’en sortait que pour dévorer les animaux, les enfants et les hommes qui, saisis de terreur à sa vue, n’avaient plus la force de fuir ni de se défendre. Seul un des premiers apôtres de l’église de Nanteuil eut le courage de s’exposer au danger. Après trois jours de jeûns et de prières, il prit pour toute arme le voile de la statue miraculeuse et s’avança dans le marais vers le repaire du monstre. Quelques instants après, le religieux sortit des roseaux en conduisant, enchaîné au voile béni, le reptile, qui vint expirer aux pieds de la statue de Marie. Les habitants délivrés conservèrent longtemps sa dépouille prés de l’autel en témoignage de leur reconnaissance (source : Mykerinos).
On dit que les légendes ont toutes une part de vérité. A défaut de dragon, il y a bien eu un reptile à Nanteuil, un crocodile (source : AD41).
Croco_Montrichard

Et puis, il y a le coquatrix. Les Tourangeaux croyaient que les vieilles poules qui ne pondaient plus et chantaient jaûdais(1), finissait par pondre un petit oeuf, appelé cocorre. Si on mettait cet œuf à couver, il en sortait un lézard couvert d’yeux, dont le regard était mortel(2).

(1) une poule qui « chante jaûdais », c’est-à-dire comme un jau (un jau = un coq) est  présage de malheur.
(2)Le coquatrix est l’équivalent tourangeau du basilic, lézard gigantesque dont le regard tuait, qui était assimilé à un dragon. Parfois, on dit que le coquatrix tourangeau naissait d’un œuf pondu par un coq et couvé par un crapaud.

Pour aller plus loin, voici la liste des dragons issus des mythologies du monde entier (source : Wikipedia)

– Apalala, un dragon de rivière mythique, converti au Bouddhisme
– Balaur, un dragon du folklore roumain
– Bolla (appelé également Bullar), un dragon assoupi, dans la mythologie albanaise
– Fáfnir, un nain transformé en dragon, dans la mythologie nordique
– Zmeï Gorynytch ou Tchoudo-Youdo mythologie slave
– Graoully, dragon du folklore messin
– Le Coulobre de Lalinde, dragon dans le folklore du Périgord pourpre
– Python, mythologie grecque
– Illuyankas dans la mythologie hittite
– Lóng Wáng, Rois Dragons, dans la mythologie chinoise
– Le Dragon de Loschy Hill, dans le folklore du Yorkshire
– Le Dragon vert de Mordiford, dans le folklore du Herefordshire
– Les Dragons de la forêt de Saint Leonard, dans le folklore du Sussex
– Le drac, dragon en catalan, mais aussi génie des eaux, forme du diable sous des aspects très variables, ou lutin
– La Tarasque, folklore provençal (Tarascon) et espagnol (notamment catalan)
– Le dragon rouge (représentant le peuple breton) en lutte contre le dragon blanc (figurant les saxons), prophétie de Merlin au chapitre 42 de l’Historia Brittonum de Nennius (première mention)
– Le dragon de Niort qui hantait au XVIIIe siècle, un souterrain de la ville et dévorait les habitants, la légende locale raconte qu’il fut tué par un soldat déserteur condamné à mort en quête de rachat
– Draco Magnus ou le Dragon rouge de l’Apocalypse dans l’Apocalypse de Saint-Jean dans la Bible
– Ryūjin, dieu de la mer dans la mythologie japonaise
– Tian-long Shen-long, Di-long, Fu-zang long, Huanglong , Panlong,… dragons de la mythologie chinoise
– Le Yong, dragon de la mythologie coréenne
– Le Yamata-no-Orochi, dragon à 8 têtes de la mythologie japonaise
– Le Rồng, dragon de la mythologie vietnamienne
– Nessie, le Monstre du Loch Ness
– Le Dragon du Wawel, à côté de Cracovie dans le folklore polonais
– La Grand’Goule de Poitiers
– Les vouivres de Couches, Lacrost,…

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Dames blanches


A Veigné, on disait que certains soirs, une dame blanche hantait le Chemin de Couzières. Ce serait l’âme en peine de la duchesse de Montbazon qui regrettait son inconduite et dont l’âme devait se trouver au Purgatoire…

 

A Paulmy, en automne, on peut rencontrer une dame blanche qui erre dans le parc du château et près du ruisseau de Sainte Colombe. Toujours à Paulmy, le dolmen de la pierre chaude serait hanté par une dame blanche, une femme assassinée près du mégalithe au Moyen-âge.

A Esves-le-Moutier, ce sont des cavaliers fantômes qui poursuivent une dame blanche au Pré Bouillard.

En quittant Preuilly sur Claise pour la Brenne Tourangelle, se trouve le vieux manoir de Fontbaudry. Tout près de la pièce d’eau, se dresse une fontaine, qui existait déjà au Moyen Age, fermée par une grille de fer afin d’empêcher qu’elle ne soit empoisonnée,  car communiquait avec l’étang voisin. En vovembre et toujours par nuit noire, une dame blanche voilée apparaîtrait près de la fontaine, elle y resterait de longs moments, toujours prostrée.

Lors d’une veillée à Château-Renault, où l’on s’était amusé à de nombreux jeux, une jeune femme fut contrainte d’appeler « l’Homme de Feu » (le diable ?) afin qu’il vienne l’embrasser. Un coup fut alors frappé à la porte et le bruit d’un baiser se fit entendre pendant que la jeune femme découvrait « une empreinte charbonneuse » sur elle. Prise d’un accès de folie, elle alla se noyer dans la Brenne. Depuis lors, une femme blanche flotte au-dessus des roseaux et des ajoncs, tandis qu’un chant plaintif sort de l’eau.

 

Les plus célèbres Dames Blanches sont celles du château de Vaujours (Château-la-Vallière). Au nombre de trois, elles étaient les filles du baron d’Alluyre. Tandis que celui-ci était en croisade, elles prirent trois pages pour amants. Revenus de Guerre Sainte, ils furent pendus au grand chêne de l’étang. La légende comporte deux fins. La première est que folles de douleur, les trois femmes ont détaché les trois corps pour s’en aller vers l’étang et s’y noyer collectivement, puis revenir hanter la « Vallée aux Dames » par la suite.
La seconde est qu’ayant prié la Bonne Dame du chêne de Vaujours, dont la statue se trouvait placée dans l’arbre, celle-ci a rendu la vie aux trois pages qui épousèrent les trois sœurs.

D’après la tradition populaire, durant les nuits de brume, on voit au-dessus de l’étang, des fées vêtues de blanc qui se dirigent vers le menhir, et dansent autour de lui en une ronde. Elles pouvaient aussi pénétrer dans les maisons pour se lamenter. 

Dans la forêt de Chambourg, plusieurs personnes auraient vu une belle dame blanche, une rose à la main. Mais toutes les personnes seraient mortes peu de temps après.

 

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(C) SOS Fantômes

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Le loup-garou de Marçay

Il y a des ans et des ans que chaque nuit, du soleil couché à l’aube, un fantôme, sous forme d’une bête monstrueuse, courait par la plaine avec des sifflements sinistres.
Chaque fois qu’il entendait ces bruits, le fermier de la Maison Bleue se signait pour conjurer le mauvais sort et écarter de la ferme l’apparition fantomatique. On pensait à quelque seigneur du donjon de Marçay, pillard et voleur, qui avait ravagé longtemps les terres des paysans et dont l’âme, mise à la porte du Paradis, errait en expiation des se péchés.
Agacé d’être harcelé chaque nuit, le maître de la Maison Bleue s’était décidé à chasser le loup-garou, car, suivant une vieille croyance populaire, il fallait tuer le fantôme pour délivrer l’âme de sa peau et lui faire regagner des lieux de repos.
Il se mit en embuscade derrière la haie de sa borderie. Il vit bientôt s’avancer un fantôme vers lui vêtu d’un linceul blanc qui se confondait presque avec le brouillard, épais cette nuit-là. Presque terrifié, le paysan tira un coup de fusil et se sauva chez lui où il s’enferma soigneusement.

Le lendemain matin, dès l’aube, il sortit sans bruit et, à l’insu de tous, chercha à se rendre compte de l’effet du coup de fusil.
Quel ne fut pas son étonnement quand, au lieu du loup-garou, il vit qu’il avait tué une femme couverte d’un linceul banc ! Il évita de conter l’aventure et inhuma secrètement la malheureuse qu’il avait tuée. En réalité, il avait reconnu la châtelaine de Marçay, , qui chaque nuit, courait l’El-brou (1) sous une forme monstrueuse.

Depuis ce temps, la malheureuse châtelaine revient toutes les nuits et son âme continue de hanter la plaine de Marçay.
Quand la tempête mugit, quand le froid cingle, un sifflement aigu qui glace jusqu’à la moelle rappelle la peine de l’âme de la châtelaine en quête de repos, car elle n’a pas été inhumée en terre chrétienne.

(extrait de R. Vivier, J.M. Rougé, E. Millet, Contes et légendes de Touraine, Histoires merveilleuses, éditions Royer-Clio, 1993)

(1) Quand pour un méfait quelconque, un personne a été condamnée à courir l’El-brou, c’est-à-dire le loup-garou, tous les soirs, à la brume, elle deviendra mouton, chien ou loup. Elle courra du soleil couché à l’angélus du matin en bêlant, en jappant, ou bien en hurlant par les chemins et pas les champs. Dès le matin, le coureur d’El-brou redevient lui-même et le soir, par aucun moyen il ne peut s’empêcher de courir pendant le temps déterminé par celui qui lui a jeté un sort. (J.M. Rougé, Le Folklore de Touraine)

 

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Taille de la vigne

Pourquoi le dicton tourangeau affirme « A la foire, il y a plus d’un âne qui s’appelle Martin » ?

Saint Martin s’en allait sur les chemins de Touraine pour rejoindre l’abbaye de Marmoutier. Il traversait les vignes qui, alors, n’étaient pas taillées. Elles étaient en liane, produisaient de petites grappes acides, desquelles les moines en tiraient un petit vin aigrelet.

A la vue des murs de l’abbaye, saint Martin fit une pause. Il attacha son âne à un piquet qui soutenait un pied de vigne et fatigué, s’allongea pour prendre un peu de repos. L’air était doux, le soleil agréable. Saint Martin s’endormit mais l’âne. Toujours affamé, il brouta toute la vigne que lui permettait sa corde, jusqu’à la dernière feuille.

A son réveil, saint Martin ne put que constater les dégâts. De la vigoureuse liane, il ne restait qu’un trognon. Saint Martin s’en fut  à l’abbaye et confessa aux moines le péché de son âne. Mais l’âne n’a-t-il pas fait plus que n’importe quel humain pour le fils de Dieu ? Il a réchauffé de son souffle chaud le petit Jésus nouveau-né, il l’a porté dans sa fuite en Egypte lorsqu’il était menacé de mort,… Si l’âne fut pardonné, saint Martin aurait eut à faire quelques corvées pour l’abbaye en compensation.

Quel ne fut pas l’étonnement des moines de Marmoutier quand à l’heure venue de la vendange, ils récoltèrent sur les vignes taillées par l’âne de nombreuses et grosses grappes de raisin, juteuses et sucrées, produisant le meilleur vin qu’ils n’avaient jamais bu jusqu’alors. C’est depuis ce temps que la vigne se taille court et que les ânes s’appellent Martin.

N.B. : A en croire une autre légende, les ânes pourraient s’appeler Vincent. En effet, la même mésaventure serait arrivée à saint Vincent, dans le Bugey. Là aussi, son âne profita de l’inattention de son maître pour se régaler de feuilles de vigne. Mais cette découverte de la taille fut mise au profit du saint et non de son âne : les vignerons ont fait de saint Vincent leur patron.

« Dans le temps, en Touraine, on ne taillait point la vigne. Elle poussait toute seule. Et, vous autres, vous ne savez pas par qui elle fut taillée en premier ? _ Eh bin, c’est par…un âne ; oui, c’est acement bin sûr !!! et j’en paris une pinte de bon vin pour vous en faire une de bon sang !
Y avait, autefoué, un mouéne de ,Saint-Martin qui m’nait soune âne au champ. Et v’là qu’un jour c’t’âne s’est-i point échappé, et v’là-t-i pas qu’il a brouté eune veugne ! nom de l’là d’bon d’là !
Et v’là-t-i pas queu c’teue veugne a s’est asurvengée, alle a ameuné bin pu d’reuzins que ses vouézines ! Z’alors les gas, y z’ont dit : « J’allons pendiment couper l’boute de toutes leus varges… » Et v’là c’ment que la taille deu la veugne a fut t’appri aux hoummes d’boune volonté pâ’ un âne… »

(extrait de J.M. Rougé, Folklore de la Touraine, Arrault, 1947)

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Contes de Touraine

Si vous aimez les histoires au coin du feu lors des longues nuits d’hiver, voici un conte qui ravivera vos souvenirs d’enfance.

« Une fois il y avait une fillette en condition dans la campagne qui entendit parler que sa grand-mère était malade ; elle se mit en chemin le lendemain, pour l’aller voir ; mais quand elle fut bien loin, à une croisée de chemins, elle ne savait pas lequel prendre. Elle y rencontra un homme bien laid, conduisant une truie, et à qui elle demanda son chemin, lui disant qu’elle allait voir sa grand-mère malade. Il faut aller à gauche, lui dit-il, c’est le meilleur et le plus court chemin, et vous serez vite rendue. La fillette y alla ; mais le chemin était le plus long et le plus mauvais, elle mit longtemps pour arriver chez sa grand-mère, et c’est avec beaucoup de peine qu’elle s’y rendit très tard. Pendant que la petite Jeannette était engagée dans les patouilles du mauvais chemin, le vilain homme, qui venait de la renseigner mal, s’en alla à droite par le bon et court chemin, puis il arriva chez la grand-mère longtemps avant elle. Il tua la pauvre femme et il déposa
son sang dans la mette (huche) et se mit au lit. Quand la petite arriva chez sa grand-mère, elle frappa à la porte, ouvrit, entra et dit : Comment allez-vous, ma grand-mère ?
– Pas mieux, ma fille, répondit le vaurien d’un air plaintif, et contrefaisant sa voix : As-tu faim ?
– Oui, ma grand-mère, qu’y a-t-il à manger ?
– Il y a du sang dans la mette, prends la poêle et le fricasse, tu le mangeras. La petite obéit. Pendant qu’elle fricassait le sang, elle entendait du haut de la cheminée des voix comme des voix d’anges qui disaient :
Ah ! la maudite petite fille qui fricasse le sang de sa grand-mère !
– Qu’est-ce qui disent donc, ma grand-mère, ces voix qui chantent par la cheminée ?
– Ne les écoute pas, ma fille, ce sont des petits oiseaux qui chantent leur langage; et la petite continuait toujours à fricasser le sang de sa grand-mère, Mais les voix recommencèrent encore à chanter : Ah ! la vilaine petite coquine qui fricasse le sang de sa grand-mère !
Jeannette dit alors. Je n’ai pas faim, ma grand-mère, je ne veux pas manger de ce sang-là. Hé bien ! viens au lit, ma fille, viens au lit. Jeannette s’en alla au lit à côté de lui.
Quand elle y fut, elle s’écriat :
Ah ! ma grand-mère, que vous avez de grands bras ?
– C’est pour mieux t’embrasser, ma fille, c’est pour mieux t’embrasser.
– Ah ! ma grand-mère que vous avez de grandes jambes ?
– C’est pour mieux marcher, ma fille, c’est pour mieux marcher.
– Ah ! ma grand-mère, que vous avez de grands yeux ?
– C’est pour mieux te voir, ma fille, c’est pour mieux te voir.
– Ah ! ma grand-mère, que vous avez de grandes dents ?
– C’est pour mieux manger ma fille, c’est pour mieux manger.
Jeannette prit peur et dit :
Ah ! ma grand-mère, que j’ai grand envie de faire ?– Fais au lit, ma fille, fais au lit.
– C’est bien sale, ma grand-mère, si vous avez peur que je m’en aille, attachez-moi un brin de laine à la jambe, quand vous serez ennuyée que je sois dehors, vous le tirerez et vous verrez que j’y suis, ça vous rassurera.
– Tu as raison, ma fille, tu as raison.
– Et le monstre attache un brin de laine à la jambe de Jeannette, puis il garda le bout dans sa main. Quand la jeune fille fut dehors, elle rompit le brin de laine et s’en alla. Un moment après la fausse grand-mère dit : As-tu fait, Jeannette, as-tu fait ? Et les mêmes voix des petits anges répondirent encore du haut de la cheminée : Pas encore, ma grand-mère, pas
encore ! Mais quand il y eut longtemps ils dirent : c’est fini. Le monstre tira le brin de laine, mais il n’y avait plus rien au bout.
Ce mauvais diable se leva tout en colère et monta sur sa grande truie qu’il avait mise au tet (toit) et il courut après la jeune fille pour la rattraper ; il arriva à une rivière où des laveuses lavaient la buie (buée). Il leur dit :
Avez-vous vu passer fillon fillette,
Avec un chien barbette (barbet)
Qui la suivette (suivait).
– Oui, répondirent les laveuses, nous avons étendu un drap sur l’eau de la rivière et elle a passé dessus.
– Ah ! dit le méchant, étendez-en donc un que je passe.
Les laveuses tendirent un drap sur l’eau et le diable s’y engagea avec sa truie qui enfonça aussitôt, et il s’écria : Lape, lape, lape, ma grande truie, si tu ne lapes pas tout, nous nous noierons tous deux. Mais la truie n’a pas pu tout laper, et le diable s’est noyé avec sa truie, et fillon fillette fut sauvée. »

Ce conte de tradition populaire a été collecté en 1885 auprès de paysans tourangeaux par M. Légot (Revue de l’Avranchin, 1885).

(source : texte emprunté au site Les Almanachs des Terroirs de France ;

Image : George Frederic Watts)

 

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Le chêne de l’Effondrée

Septembre 1619, un grand événement se préparait à Montbazon et à Couzières. Sous l’influence de Richelieu, la reine mère MARIE DE MEDICIS, sortie de son exil imposé par le roi LOUIS XIII, son fils, se rendit en Touraine en vue d’une réconciliation avec ce dernier.

Hercule DE ROHAN, Duc de Montbazon, proposa son château de Couzières pour cette entrevue secrète. Parmi les seigneurs figurait un jeune et élégant chambellan du roi, Yves de KARVANEC. Sa fiancée, Renée du BREIL, demoiselle d’honneur de Marie DE MEDICIS, était arrivée au donjon de Montbazon.

Ce jeune homme plein de fougue souhaitait retrouver sa fiancée. Une nuit, il scella son cheval et se dirigea de Couzières vers le château de Montbazon. Mais pour cela, il fallait franchir le ruisseau du MARDEREAU, peu profond mais entouré de marécages. Le jeune cavalier n’a jamais rejoint sa belle.

L’année suivante, un laboureur nommé GAYGNIER passait sur le ponceau du Mardereau (passage en guise de petit pont), surpris par une odeur nauséabonde qui émanait des roseaux, il découvrit le cadavre d’un jeune homme et celui d’un cheval. Il décida de planter un jeune chêne face au marais fatal.

Dans les temps jadis, il était dit que par les belles nuits de septembre, le fantôme d’un cavalier passait silencieusement près du chêne. Ce lieu où disparu Yves de KARVANEC portera le nom de l’EFFONDRÉE. Vérité ou belle légende romantique ?
Au centre bourg de Veigné, empruntez la rue Jules FERRY vers Montbazon, sur votre droite, avant le petit pont Saint Joseph, vous verrez ce chêne qui, malgré son grand âge, donne encore de l’ombrage aux promeneurs.

(source : Mairie-Veigné)

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Ripette

Ripette est l’une des villes englouties les plus célèbres de Touraine. Elle était située sur la commune de Cravant-les-Coteaux, à l’endroit où se trouve aujourd’hui le marais de Pallus (Pallus vient du latin paludis, signifiant marais et effectivement, ce lieu est régulièrement inondé lors des crues de la Vienne). La légende raconte, qu’à la place du marais, s’élevait une grande ville dont les habitants étaient méchants et avares. Une veille de Pâques, Jésus-Christ, déguisé en mendiant, parcourut les rues en demandant de l’eau ; il fut repoussé partout sauf aux Berthaisières, où il fut accueilli charitablement. Il annonça alors à la dame du lieu qu’elle devait se mettre à l’abri sur le côteau parce qu’il allait détruire la ville, « mauvais riches, vous m’avez refusé un peu d’eau, vous périrez par l’eau » . Mais celle-ci ne le voulut pas car l’une de ses filles était en ville. Jésus dit alors à la mère : « mettez votre pied sur le mien et elle entendra votre appel » . Alors la fille se sentit soulevée par une force mystérieuses et fut sauvée de l’engloutissement, d’où parfois le nom d’Auripède donné à cette ville (du latin auris-pedes signifiant les pieds qui ont une oreille), nom transformé ensuite en Ripette.

Trois cents ans après la disparition de la cité, le Prévôt de Chinon réussit à sortir la cloche d’or de Ripette du fond du marais. En la voyant, il s’écria : « De par Dieu ou par le Diable, nous la tenons » ; à cet instant, les cordes se rompirent et la cloche disparut à jamais. Depuis, tous les cent ans , la cloche sonne l’anniversaire de sa disparition.

Cette légende fut recueillie auprès des habitants par le chanoine Audard, qui devint curé de Cravant en 1931 et qui a laissé de nombreuses notes sur sa commune.

(source internet : http://www.litteratur.fr/communes-de-touraine/cravant-les-coteaux/4/
source biblio : Le Folklore de Touraine.)

 

 

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Un mois, un dicton

JANVIER

  • Si les mouches dansent en janvier, garde bien ton foin au grenier.
  • Les jours allongent aux Rois d’une aiguillée d’soie, à la sainte Luce (17 février), d’un saut de puce.

FEVRIER

  • S’il fait beau à la Chand’leur, on voit ben sortir le leur (la loutre).
  • Pluie de février, vaut jus de fumier (ou remplit le grenier).
  • Vin soutiré en février, est toujours bien clarifié.

MARS

  • Taille tôt, taille tard, rien ne vaut la taille de mars.
  • Quand y tonne en mars, serre tes bussards (range tes tonneaux de vendange).

AVRIL

  • Quand Pâques marine, c’est peste ou famine.
  • Quand il pleut le Vendredi Saint, la pluie apaise les gelées.
  • Quand il ne pleut pas le Vendredi Saint, ils n’y a pas de gelées pendant la lune rousse (les Saints de glace).
  • Bourgeon qui pousse en avril, met peu de vin en baril.
  • Quand il tonne en avril, vigneron prépare ton baril.
  • Quand il pleut à la saint Georges (23 avril), saint Georges cueille les cerises et saint Marc vend ce qui reste.

MAI

  • Quand il pleut le premier mai, les vaches perdent moitié de lait.
  • En mai, blé et vin naît.

JUIN

  • Eau de la saint Jean ôte de vin, et ne donne pas de pain.
  • Pour avoir une « bonne vinée », que la saint Jean se trouve « secouée »

JUILLET

  • A la Madeleine (22 juillet), les noix sont pleines.

AOÛT

  • Qui dort en août, dort à son coût.
  • Quand il pleut en août, il pleut miel et bon moût.
  • Si la journée du 6 août est sèche, l’hiver sera sec.
  • S’il pleut à la Saint Georges, jour de la Bonne-Dame Neiges, ou s le temps est couvert, il y aura un hiver humide ou neigeux.

SEPTEMBRE

  • A la bonne Dame de septembre, tout fruit est bon à prendre.
  • Etoiles filantes en septembre, tonneaux débordants en novembre.

OCTOBRE

  • Entre saint Michel (29 septembre) et saint François (4 octobre), prends ta vendange telle qu’elle est.
  • Si saint Gall (16 octobre) coupe le raisin, mauvais signe pour le vin.

NOVEMBRE

  • A la saint Matheurin, boué l’vin et léesse l’iau pou l’moulin = A la saint Mathurin, début novembre, la vendange est terminée et la vin nouveau peut être bu.
  • A la sainte Catherine (25 novembre), tout bois prend racine.

DECEMBRE

  • Noël au tison, Pâques au balcon. Noël au pignon, Pâques au tison.
  • Entre la Noël et les Rois, sur le temps de tous les mois.

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La médecine tourangelle traditionnelle

Si la Touraine est connue pour ses écrivains célèbres comme Rabelais, Descartes, Balzac, Boylesve, Bonnefoy, ses artistes tels qu’Ockeghem, Fouquet, Colombe, Laloux, Sicard, ses acteurs parmi lesquels Carmet, Villeret, Anglade, elle l’est aussi pour ses médecins. Les plus connus sont Heurteloup, Bretonneau, Velpeau (inventeur du pansement qui porte son nom) ou Trousseau. Mais bien avant le développement de la médecine moderne à la fin XVIIIè siècle, les Tourangeaux pratiquaient une médecine plus…populaire. Voici quelques exemples de remèdes et de praticiens.

Contre l’énurésie, vous pouviez invoquer saint Damien et saint Cosme (patrons de la corporation des chirurgiens de Tours ! ) ou saint Pissou. Vous pouviez également manger une omelette à la souris et aux lombrics ou mélanger aux aliments des crottes de souris cuites au four.

Les reliques de saint André à Neuvy-le-Roi, guérissait de la gravelle (calcul rénal). Pour soigner les hémorroïdes, il fallait faire macérer de la poudre de licoche rouge (limace) avec une poignée de graines de sureau et « s’en frotter le derrière ».

Pour se prémunir de la coqueluche, on pouvait invoquer saint Aubin et prendre un sirop de loches rouges (limaces). Le sirop de limaces était également utilisé contre la toux. (décidément, les limaces étaient un remède répandu ! ).

Contre les convulsions des enfants, on invoquait saint Georges à Rochecorbon, saint Gilles à Ferrière-sur-Beaulieu ou à Saint-Paterne. On conseillait également de porter un collier d’ambre et de placer des pattes de taupes sous l’oreiller.

Pour combattre les rages de dents, il fallait invoquer sainte Apolline à Pont-de-Ruan ou à Chambray, placer une sangsue sur le petit orteil du côté opposé au mal ou attacher les deux pattes de derrière d’une taupe au bonnet d’un enfant (il ne faisait pas bon d’être une taupe non plus).

Pour se protéger de la peste et du choléra (très longtemps confondus), il fallait invoquer saint Roch, tandis que la fontaine Saint-Roch à Beaulieu-lès-Loches soignait les lépreux. L’eau de la fontaine Saint-Armel protégeait des épidémies.

Dans l’église de Saint-Pierre-de-Varennes, on invoquait saint Clair « pour voir clair », tout comme la fontaine de la Clarté-Dieu à Saint-Paterne, donnait la « clarté d’yeux ». La « fontaine aux yeux », à Saint-Laurent-en-Gâtines, la fontaine du Locard à Port-Boulet, la fontaine Saint-Mandé à Ferrière-Larçon ou celle de Saint-Antoine-du-Rocher soignaient les maladies des yeux. La fontaine Sainte-Rose à Souvigné rendait la vue et la fontaine Saint-Martin à Saint-Laurent-de-Lin, si elle soignait aussi la vue, guérissait également les dartres.

On faisait dire un évangile à sainte Emerance dans l’église d’Avrillé contre le « mal au ventre ». Contre les maux d’oreilles, il fallait placer une gousse d’ail dans le conduit auditif et faire boire le malade dans un seau après un chat pour soigner les oreillons. Contre les maux de gorge, on pouvait faire un pèlerinage à Saint-Martin de Marmoutier ou s’entourer le cou, le soir en se couchant, avec la chaussette de sa jambe gauche.

Des invocations à saint Eutrope dans la collégiale Saint-Mexme de Chinon, guérissaient de l’hydropisie (œdème).

La fontaine de la Petite Moussière, celle des Poitevins, celle des Cartes et la fontaine de Touvois, toutes situées à Rochecorbon, guérissaient des rhumatismes. La fontaine de Touvois passait même pour être une fontaine de Jouvence et vers 1827, on vendait son eau très chère à Paris (30 sous le litre).

De son vivant, sainte Monégonde guérissait les maladies de peau, la fièvre et chassait les démons, tandis que les reliques de saint Vincent à Céré, guérissait les épileptiques et les possédés. Quant à saint You et saint Amable, ils étaient invoqués contre le venin de serpents à Neuilly-le-Brignon.

Qui de vous dira désormais qu’il ne sait pas à quel saint se vouer ?

(sources bibliographiques :
– Jacques FENEANT, Maryse LEVEEL, Le Folklore de Touraine, dictionnaire des rites et coutumes, C.L.D., 1989

Feneant-J-Folklore-De-Touraine-Livre-861861877_L~2
– Jean Robert MARECHAL, Les Saints de Touraine, guérisons, légendes, éditions Hugues de Chivré, 2010)
I-Grande-2635-les-saints-de-touraine--guerisons-legendes.net

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