Publié dans Personnalités tourangelles

Secrétain, orfèvre

ATTENTION, âmes sensibles s’abstenir ! Je vais vous conter l’histoire de ce pauvre Loys Secrétain, orfèvre lochois de son état et faux-monnayeur à ses heures perdues.

Le lundi 11 février 1488, Loys Secrétain est condamné par le bailli de Touraine « à estre bouilly, trayné et pendu pour avoir forgé faulse monnoye » place de la Foire-le-Roy.

Denis, l’exécuteur de justice, amena « le dit Loys, sur un chaffault [échafaud en vieux français], auprès de la chaudière et le lia de cordes par les jambes et par le corps, lui fit dire son in manus [prière par laquelle on recommande son âme à Dieu] et le poussa et jeta la tête la première dedans la chaudière pour bouillir (1) » .

Les cordes lâchèrent et Segrétain refit surface deux fois, criant : Miséricorde ! Miséricorde ! Le public, révolté, se mit à huer le bourreau : « Tuez le ribaud, tuez le traître », « bourreau, tu faiz languir ce povre pescheur ». Voyant la colère de l’assistance, l’exécuteur s’arma d’un grand croc de fer pour essayer de replonger Secrétain au fond de la marmite.

Le Prévôt et quelques habitants, Rochard, Pénigault, etc…, croyant que les cordes avaient été rompues par miracle, s’approchèrent du bourreau, se mirent à le frapper. Le bourreau tenta de s’échapper mais tomba criblé de coups. On vit des bourgeois le frapper avec des fourches et même une jeune fille de dix-huit ans lui asséner sur la tête des grands coups de bûche. Le bourreau reçut tant de coups « qu’il mourut en la place même. »  Alors que l’exécuteur rendait l’âme, sa victime, à demi-cuite, fut emmenée dans l’église des Jacobins « où il se mussa [cacha] si tellement qu’il ne se oserait jamais plus se manifester ».

Un an plus tard, Charles VIII accorda sa grâce aux habitants, accusés d’avoir occis (tué) le bourreau ; quant au faux monnayeur, on l’emporta dans l’église des Jacobins Il faut croire que Secrétain avait une envie de vivre incroyable, car à force de soins, il guérit complètement, et cet homme, père de deux enfants, retrouva sa femme et eut cinq autres rejetons ! 

(1)en général, par charité, le bourreau étranglait le condamné avant de le jeter dans la marmite.

(Sources : un regard sur Tours, histoires de bourreaux Archives Nationales, Livernet, p.178)

Mise à jour du 06 juillet 2022
voir l’article de la Nouvelle République, sur le dernier condamné à mort en France, un tourangeau, ici.

LSF

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