Un suspect : Louis Livoireau
Soupconné de : être propriétaire d’une voiture immatriculée en 1926
Une source : la série 4M
Des indices : domicilié à Avrillé-les-Ponceaux
Un ancêtre ou collatéral présumé : Louis Raphaël Livoireau (1873-1937), fils de Louis Livoireau (1830-1901) et Anne Fourrier (1834-1907), mes sosa 46 et 47.
Tout commence alors que je faisais des recherches dans la cadre de mon travail. Il est vraisemblable que jamais je ne serais allée fouiner dans la série 4M pour mes propres recherches (sérendipité ?). Au détour d’une page (je me suis fait toutes les pages des 7 registres couvrant la période 1914 à 1929), un nom retient mon attention, Louis Livoireau. Ce nom m’est familier mais est-ce le Louis Livoireau que je connais ? C’est le moment de consulter toutes les ressources archivistiques à ma disposition (en vrai, j’ai attendu d’être rentrée chez moi mais ça casse le rythme de mon histoire, j’utilise donc une ellipse narrative). En premier lieu, je me tourne vers les recensements, ceux d’Avrillé-les-Ponceaux, pour l’année 1926. J’y trouve un Louis Livoireau, né en 1873 à Cléré (Cléré-les-Pins, Indre-et-Loire). Mon Louis Livoireau, lui, est né en 1873 à Saint-Laurent de Lin. Après quelques années de pratique, ce « détail » (lieux de naissance différents) ne me fait pas dire que les deux Louis sont deux personnes distinctes.
Le recensement me donne la composition de la famille : Louis est marié à Louise Bourgouin et a deux enfants, Jeanne et Roger. Je n’ai pas le mariage de Louis et Louise mais comme les époux sont tous les deux nés à Cléré, je tente ma chance dans les tables décennales de l’Etat civil. La fille du couple étant née en 1904, je réduis ma période de recherche entre 1900 et 1903. Je commence par la décennie 1893-1902, je ne trouve rien ; je cherche dans la décennie 1903-1912, je trouve le mariage. Ce dernier a lieu le 3 octobre 1903. Louise s’appelle Eugénie, mais c’est encore un « détail » dont je peux m’accommoder. Donc, logiquement, le troisième document d’archives que je vais consulter est le registre des mariages. L’acte de mariage résout un des problèmes rencontrés : la note marginale indique que la mariée se nomme Louise Eugénie. CQFD. Mais cette dernière me révèle aussi que le marié se nomme Louis Pierre et non Louis Raphaël. Quand il y a deux prénoms et que les prénoms sont différents (Louis Pierre et Louis Raphaël), j’ai tendance à me dire que les personnes, elles aussi sont différentes. Le corps de l’acte confirme ma pseudo théorie des prénoms et ruine mes espérances : Louis Pierre Livoireau est le fils de Pierre et Madeleine Lorieux. C’est dommage car dans l’annuaire de 1926, Louis Livoireau était aubergiste et faisait partie des « principaux habitants » (AD37, annuaire, 1926, IN16/1/116, vue 1659). Et je n’avais pas d’aubergiste parmi mes ancêtres ou mes collatéraux.
Bon, en creusant un peu, Pierre Livoireau, époux Lorieux, est le fils de Jean et Madeleine Guimoineau, mes sosa 92 et 93 (l’oncle de Louis Raphaël suspecté en début de recherche). Veuf d’Antoinette Madeleine Baudu, il se remarie avec Madeleine Lorieux le 21 août 1871 à Cléré.
Les registres d’immatriculation de la série 4M m’ont donc permis de trouver un petit-fils à mes sosa. Je sais, l’enquête n’a pas été bien difficile…mais je ne m’appelle pas Hercule Poirot !
NB : j’ai aussi trouvé Marcel Proust et Edouard Munch dans les registres 4M. La suite, c’est pour toi Françoise.
Parmi les autres noms du 4M qui ont attiré mon regard, il y a celui de Léon Degenne. Après quelques recherches, Françoise (La Parentèle) m’apprend qu’un certain Léon Degenne fait partie de victimes civils de la Seconde Guerre mondiale (Mémoires des hommes, voir ici) et que un Léon Degenne, le même ?, a obtenu une licence de conducteur professionnel (Gallica, voir ici).
Le Léon Degenne de la série 4M vit à Tours, rue de la Riche en 1926. Le Léon Degenne de Mémoires des Hommes est né le 25 février 1899 à Pleumartin (Vienne) et mort le 2 août 1944 à Tours. Le Léon Degenne de Gallica vit à Tours, 69 rue de la République, en 1936. Les recensements de Tours pour l’année 1926 me confirme, par la date et le lieu de naissance, que le Léon du M4 est le Léon de Mémoires des Hommes (AD37, recensement, Tours-La Riche, 1926, 6NUN5/261/073, vue 18). C’est un mécanicien. Le recensement de Tours de 1936 confirme la date et le lieu de naissance précédents et l’adresse trouvée dans Gallica puisque Léon Degenne vit bien rue de la République (pas celle du quartier « Marchés » mais celle de Tours-La Riche) (AD37, recensement, Tours-La Riche, 1936, 6NUN5/261/075, vue 188). Trois sources, un seul homme. Mais peut-on en savoir plus ? D’après le recensement de 1926, Léon est le fils de Claire Braguier. Vérifions cela avec les registres d’Etat civil de Pleumartin. [Quelques minutes passent]. L’acte de naissance de Léon ajoute le nom son père à son ascendance. Léon est le fils de Claire Braguier, sans profession, et Honoré Degenne, cordonnier. En 1919, Léon est déjà mécanicien et conducteur de motocyclette (AD86, registre matricule, Châtellerault, 1919, 9R1/180, matricules 500-1000, vue 201). Geneanet m’aide a remonter le temps : Honoré et Claire se marient à Coussay-les-Bois (AD86, Coussay-les-Bois, NMD, 1883-1887, 9E103/11/2, vue 46). Louis est le fils de Louis Degenne, cordonnier, et Rose Baulu, qui se marient à Bellefonds le 9 novembre 1841 (AD86, Bellefonds, NMD, 1883-1887, 9E28/3/2, vue 87). Louis père, meunier, est le fils de Jean et Madeleine Bernard. Jean et Madeleine se marient le 28 mai 1798 à St-Savin (AD86, St-Savin, mariages, 1793-1799, coll. comm. 4235, vue 31). Jeanest veuf de Madeleine Fonteny (mariage le 22 janvier 1782 à Archigny, AD86, BMS, 1774-1782, 9 E 12/3/3, vue 115), et le fils de François et Perrine Hépin, qui se marient le 15 février 1746 à Monthoiron (AD86, BMS, 1744-1769, E depot 164 GG 3/1, vue 6).
Françoise, normalement, tu peux raccrocher à tes ancêtres.
Màj du 31 mai 2022
dans Claude Morin, La Touraine sous les bombes, Chambray-lès-Tours, 2000, C.L.D., p.318, on apprend que Léon Degenne est mort suite au 1er bombardement du 1er août 1944, à l’hôpital, comme au moins 8 autres personnes, mortes rue Rouget de l’Isle.