Publié dans Généalogie, Qui sont mes ancêtres ?

Quand je serai grand, je serai…

De nos jours, flexibilité et mobilité professionnelles sont devenues courantes voire obligatoires.

On pense souvent que ce sont des notions très contemporaines et que nos ancêtres exerçait un seul métier durant toute leur vie (tout comme l’idée qu’ils ne partaient jamais très loin de leur village d’origine, ou qu’ils mouraient jeunes, ou qu’ils avaient beaucoup d’enfants).

Mais nos ancêtres aussi, pour certains, voyageaient pour travailler, pour trouver du travail ou de par la nature de leur profession. Et certains même se « reconvertissaient ». Je ne parle pas de ceux qui passaient du statut de journalier à celui de laboureur (ou inversement comme Jacques Taixier, sosa 98, Jacques Bullot, sosa 56, ou Charles Auger, sosa 1620) ou de celui de gagiste à celui de domestique, car on peut être laboureur journalier ou domestique gagiste et mentionner l’un ou l’autre. Je ne parle pas non plus des bêcheurs qui deviennent cultivateur (comme René Livoireau, sosa 184), car il s’agit du même domaine d’activité ; ni de ceux qui deviennent propriétaires* (comme Jean Perdreau, sosa 62, qui passe successivement de journalier à laboureur, puis propriétaire cultivateur puis cultivateur, et enfin propriétaire puis rentier), car, si cela montre une certaine ascension sociale, on reste encore dans le même domaine ; ni même des femmes qui après avoir exercé un métier deviennent sans profession (comme Jeanne Ferron, sosa 99 ou Louise Lesierre, sosa 63, qui est lingère au moment de son mariage puis sans profession, car sans doute élève-t’elle ses enfants, idem Marie Louise Picau).

Je veux parler de ceux qui, au cours de leur vie, changent radicalement de voie.

 André Jacques François DUAULT (sosa 22)

Fils d’André Duault et Marie Fontaine, André naît le dimanche 3 janvier 1864 à Breil (Maine-et-Loire) et décède après 1911.

Il se marie le 27 avril 1887 à Rillé (Indre-et-Loire) avec Anne Victoire Livoireau (sosa 23).
Ils ont 5 enfants : Anne Adrienne (°26/08/1887 à Breil, mon sosa), Marie Louise (°16/05/1889 à Breil), Marie Léontine (°23/04/1894 à Lublé), Lucie dite Marguerite (°15/02/1896 à Epeigné-sur-Dême), Auguste (°15/06/1899).

Il exerce le métier de meunier de 1887 à 1894 puis celui de cultivateur en 1896.

André change de métier entre 1894 et 1896. Est-ce parce qu’il a déménagé qu’il a changé de métier ? Peut-être mais pas sûr car il avait déjà déménagé entre 1889 et 1894 et qu’il avait même changé de département et de région.


Anne Victoire LIVOIREAU (femme du précédent, sosa 23)

Fille de Louis Livoireau et Anne Fourrier, Anne naît le jeudi 11 mai 1865 aux Germinières, commune de Saint-Laurent-de-Lin (Indre-et-Loire) et décède le mercredi 4 janvier 1928 à Amboise (Indre-et-Loire). 

Elle exerce les métiers de cultivatrice (1887), sans profession (1889), meunière (1894), de nouveau sans profession (1896) puis cuisinière (1928). Le fait qu’elle soit sans profession peut s’expliquer par le fait qu’elle devait certainement s’occuper de ses enfants. Quand elle devient meunière, elle exerce certainement ce métier avec son époux. Quant à la profession de cuisinière, la raison probable est qu’à cette époque, elle séparée de son mari et doit probablement désormais subvenir seule à ses besoins.


Pierre Marie HÉMON
(sosa 10)

Pierrre naît le mardi 11 décembre 1883 à Elven (Morbihan) et décède le  dimanche 13 mai 1956 à Channay-sur-Lathan (Indre-et-Loire), à l’âge de 72 ans. Il est le fils de François Hémon et Marguerite Ruaud.

Le 8 novembre 1910 à St-Laurent-de-Lin (Indre-et-Loire), il épouse Anne Adrienne Duault. Ils ont 6 enfants, nés entre 1911 et 1930.

Grâce à sa fiche matricule, j’ai appris qu’il était cantonnier en 1903 puis domestique en 1909, 1911 et 1914. Je ne sais pas quand il a quitté sa Bretagne natale ni s’il exerçait un métier avant de venir en Touraine.


Anne Adrienne Duault
(femme du précédent, sosa 11)

Fille d’André Duault et Anne Livoireau (fille des précédents), Anne naît le vendredi 26 août 1887 à Breil (Maine-et-Loire) et décède le 2dimanche 6 mars 1967 à Château-la-Vallière (Indre-et-Loire). Elle épouse Pierre Hémon (voir ci-dessus).

Anne est gagiste au moment de son mariage puis elle devient domestique, comme son époux. Deux hypothèses, elle gagiste et exerce les fonctions de cuisinière, de couturière, de lingère et elle change de métier pour prendre celui de son mari, après leur mariage (peut-être travaillaient-ils chez le même employeur ou a-t-elle était embauchée par l’employeur de son époux), ou elle est déjà gagiste domestique mais ne trouve une place « stable » qu’après son mariage (même supposition que dessus, ils travaillaient chez le même employeur ou elle se fait embaucher par l’employeur de son époux après leur mariage).


Adrien Gaschet
(sosa 12)

Adrien naît le mercredi 7 janvier 1885 aux Petites Roches, commune de Vendeuvre-du-Poitou (Vienne) et décède le mercredi 3 mai 1972 Jaulnay-Clan (chez son frère selon ma grand-mère). Il est le fils de Jacques et Marie Adélaïde Auclerq.

Il se marie le 13 août 1910 à La Riche (Indre-et-Loire) avec Eugénie Félicité Boileau.
Entre mars 1909 et mai 1972, Adrien, et selon les époques, sa famille, habite(nt) 20 rue des prêtres à Tours, à St-Genouph, rue de la Mairie à La Riche, St-Pierre-des-Corps, à Vendeuvre (Vienne), et à Jaulnay-Clan (Vienne).

Je n’ai pas beaucoup de précision sur les différents métiers qu’il a exercé à part qu’il était employé des chemins de fer lors de son mariage en 1910 (source : acte de mariage), affecté spécial comme manœuvre atelier à la Compagnie des Chemins de fer d’Orléans en 1911 (source : fiche matricule), forgeron à une date indéterminée (source : ma grand-mère). Peut-être était-il forgeron au Chemin de fer ou s’était-il formé au métier de forgeron à la Compagnie des Chemins de fer.


Jean Chantereau
(sosa 1844)

Jean Chantereau naît le jeudi 29 mars 1646 à Monts (Indre-et-Loire) et décède le jeudi 14 décembre 1673 à Monts, à l’âge de 27 ans.
Il se marie le 21 novembre 1668 à Monts avec Marie Gascheau (sosa 1845). C’est de cette époque que date la première mention d’une profession. Jean est alors domestique. Lorsque naît son fils, Toussaint (mon sosa), en 1670 , il est devenu charpentier. Et quand il meurt, en 1673, il est meunier (« mousnier »).


Étienne Bodeau
(sosa 764)

Etienne naît le jeudi 4 décembre 1687 à Savigné-sur-Lathan (Indre-et-Loire) et décède le lundi 6 octobre 1760 dans la même commune (il est inhumé le lendemain) à l’âge de 72 ans. Il est le fils de Cosme Bodeau et Renée Roulleau.

Avec sa femme Marie Naulet, qu’il épouse le 17 novembre 1711 à Parçay-les-Pins (Maine-et-Loire), il a 8 enfants : Marie (1713-1713), Etienne (1715-1726), Cosme (1717-1748), Jean (°1719), Marie (°1722), Anne (1726-1729), Etienne (1728-1770), Anne (1731-1735).

Grâce aux actes de naissance et de mariage de ses chérubins, on apprend qu’Etienne a été successivement closier (1713, 1714, 1715), sabotier (1717, 1719), laboureur (1726, 1744). Si les métiers de closier** et de laboureur sont relativement proches, celui de sabotier demande une technicité.


René Rotreau
(sosa 1532)

René naît le jeudi le 3 juillet 1664 à Savigné-sur-Lathan (Indre-et-Loire) et décède le mercredi 3 mars 1728 dans la même commune, à l’âge de 63 ans. Il est le fils de René Rotreau (+1697) et Jeanne Delestang (+1680).
Il se marie le 26 février 1691 à Savigné-sur-Lathan (Indre-et-Loire) avec Marie Barrier (sosa 1533), avec qui il aura 9 enfants :  René (mon sosa, 1691-1742), Pierre, Jacques (°1693), Barthélémy (°1694), Marie (1698-1698), Marguerite (+1721), Urbain, Jean, Marie (°1704).

Il est tissier (1691 et 1693), autrement dit texier en toile comme son père, c’est-à dire tisserand, puis laboureur (1718, 1724). Tout comme Etienne Bodeau, il exerce un métier qui demande une certaine technicité avant de devenir laboureur à la fin de sa vie. Peut-être qu’ils n’étaient plus en capacité d’exercer leur métier, à cause de la vieillesse, de la maladie ou d’un accident qui les auraient privés de l’usage de leurs mains.

Information intéressante, il sait signer, comme son père.

Rotreau_épx_Barrier_1691.JPG
(C) AD37

A mon avis, la signature de René fils est celle de gauche et la signature de René père est celle de droite.


René Vaucelle
(sosa 750)

Fils de Jacques Vaucelle et Perrine Leconte, René naît vers 1693. Le 28 novembre 1719, à Clefs (Maine-et-Loire), il épouse Françoise Roinay. De cette union naissent 6 enfants entre 1720 et 1730, dont au moins 3 meurent avant l’âge d’1 an. René décède le mercredi 15 novembre 1752 à Clefs.

Voici encore un ancêtre qui exerce plusieurs métiers dont certains bien éloignés les uns des autres. Il est cardeur de laine en 1719 au moment de son mariage puis bécheur en 1720, 1721, le 21-10-1722 et en 1730, mais closier le 9-10-1722 et journalier en 1728. Je ne peux pas expliquer pourquoi il cesse son activité de cardeur. Peut-être que le métier de la terre était plus compatible avec la charge d’une famille. En revanche, le fait que les métiers de closier (petit métayer) et de journalier s’intercalent entre celui de bécheur tient probablement au fait qu’il s’agit pour tous des métiers liés à la terre.


Pierre ROY
(so
sa 1010)

Pierre est le fils de Pierre Roy et Marie Madeleine Boursault. Il naît le lundi 17 novembre 1727 à Bournan (Indre-et-Loire) et décède le 30 mars 1763 dans la même commune. Il épouse Anne Chesnon, qui ne lui survit que 6 jours, le 9 juillet 1754 à Civray-sur-Esvres (Indre-et-Loire). Pierre et Anne ont au moins 6 enfants entre 1757 et 1762, dont 4 meurent avant l’âge de 1 an.

En 1754, 1759, 1760 (sources : acte de mariage et acte de baptême de ses enfants), Pierre est laboureur puis il est dit marchand en 1762 et 1783 (sources : acte de naissance de ses jumeaux et acte de mariage de sa fille Catherine). La question est de savoir marchand de quoi.


Et puis il y a ceux qui ne change pas de métier (ou presque), comme Jean Pierre Tranchant (1761-1839, sosa 220) qui est gendarme impérial en 1808, puis gendarme retraité en 1830, puis concierge du dépôt de sûreté*** en 1839.

Ou comme Pierre Fourrier (1794-1873, sosa 94), qui est gagiste en janvier 1828, puis cultivateur en novembre 1828, 1834, 1837, 1841, 1873.

Ou encore Céline Tranchant (1830-1901, sosa 55), qui est tailleuse de limes en 1849, 1859, 1864, 1868, puis  sans profession en 1876, puis de nouveau tailleuse de limes en 1884, puis journalière en 1887, puis de nouveau tailleuse de limes en 1891 et 1901, et enfin journalière la même année 1901.

 

*Le terme de propriétaire ne désigne pas forcément une personne riche mais une personne qui possède sa terre. Il est donc d’un statut social plus élevé que le « simple » laboureur, qui travaille avec ses outils propres, une terre qui ne lui appartient pas (il paie donc un loyer au propriétaire). Le journalier, quant à lui, ne possède ni outils, ni terres ; il loue ses bras. Le propriétaire peut soit louer sa terre soit la travailler lui-même.
**closier : petit métayer ; métayer : agriculteur exploitant une terre avec les matériels et animaux du propriétaire et partageant de moitié avec lui les fruits de son labeur. Les métairies pouvaient être assez importantes et l’exploitation pouvait aller jusqu’à 50 ha. (source : Les métiers de nos ancêtres)
***les dépôts de sûreté étaient des établissements cantonaux ou municipaux, aux noms variés (salle de police, violon, dépôt près de la justice de paix, etc..), étaient sous le contrôle des maires. Ils servaient à la détention provisoire des individus arrêtés en flagrant délit par la gendarmerie, avant d’être transférés à la maison d’arrêt. La circulaire du 21 août 1872 prévoit la suppression des dépôts de sûreté qui sont remplacés par les chambres de sûreté sous contrôle de la gendarmerie.
(source : https://aaf.ica-atom.org/depot-de-surete-commune-departement)

(Image : (c) Photo personnelle)

LSF

 

Laisser un commentaire